Avec ses 403 et 404, Peugeot s’est forgé après-guerre une réputation de fabricant de berlines classiques et robustes sur lesquelles on pouvait compter tous les jours. En 1965, la marque fait sa révolution en proposant une 204 au style et à la mécanique modernes. Le succès étant au rendez-vous, il encourage le constructeur de Sochaux à poursuivre son offre vers un modèle plus accessible, accompagnant en même temps la démocratisation de l’automobile dans la société. Ainsi, à l’instar de Renault avec sa 5, Peugeot va proposer en septembre 1972, sa nouvelle 104 dont le ratio compacité extérieure et habitabilité maximale sera le crédo. Les premières publicités insisteront sur le fait qu’il s’agit de la plus petite quatre portes européenne du moment. Comme la 204, Peugeot va proposer les technologies les plus récentes : quatre roues indépendantes, suspensions de type Mc Pherson et moteur en aluminium placé transversalement. Ce dernier aura la particularité d’être incliné de 72 ° vers l’arrière, soit presque couché afin de pouvoir disposer la roue de secours entre celui-ci et le capot, libérant l’espace arrière pour un plus grand coffre. Autre particularité de ce moteur nommé X : il sera développé conjointement avec Renault dans le cadre de l’alliance mise en place en 1966, ceci expliquant pourquoi on le retrouvera sous le capot de la Renault 14. Mais revenons à la 104 et son intérieur qui, s’il est jugé suffisamment spacieux pour y loger sans problème quatre personnes, laisse une impression d’inachevé. En effet, son côté spartiate conjugué à un équipement relativement pauvre laissera les premiers clients sur leur faim. Citons par exemple les sièges garnis d’un mixte de tissus/skaï ainsi que des dossiers avant fixes.
Suivant une habitude désormais bien ancrée depuis la 403, c’est la proposition de Pininfarina qui sera retenue pour le design qui, avec ses lignes tendues et abruptes, ses pare-chocs en inox, reste très classique et colle bien à l’esprit Peugeot. Seule originalité notable, l’embouti sur les flancs latéraux. Ce dessin fera pâle figure face à la sympathique bouille de sa principale concurrente, la Renault 5 lancée quelques mois plus tôt et qui aura eu le temps de s’installer dans les esprits des clients potentiels. Ce sera le grand malheur de la 104 qui vivra toujours dans l’ombre de la Renault 5, il suffit de comparer les chiffres de production pour s’en rendre compte : 1,6 millions pour la première contre 5,7 millions pour la seconde, ceci sur une période de commercialisation quasi équivalente. Pourtant sous ses airs sérieux, la Peugeot avec sa conception mécanique moderne offrait des prestations de confort et tenue de route supérieures à la R5 qui de son côté, reprenait nombre d’éléments de la Renault 4. Un bel exemple où le physique prime sur le reste ! Cela n’enlève rien à la sympathie que la 104 suscite auprès de ceux qui ont vécu les années 70 et 80, mais également auprès d’une génération plus jeune qui n’hésite pas à restaurer ce modèle. Evidemment ce sont les modèles les plus aboutis qui intéresseront en premier lieu, mais la gamme est large car Peugeot, comme Renault, a cherché à coller au mieux aux tendances du moment. De la simple L à la sportive S, il y en a quasiment pour tous les goûts, passons en revue ces différentes versions :
L
Au départ, il n’y avait qu’une seule version prénommée Peugeot 104 qui deviendra L en 1974 lorsque la GL sera introduite. Son moteur d’une cylindrée de 954 cm3 délivre une puissance de 46 ch, propulsant cette petite berline à la vitesse astronomique de 135 km/h. Comme vu plus haut, son équipement et sa présentation intérieure sont spartiates mais ses qualités routières bien réelles. Petit détail important, les premières 104 ne disposent pas de hayon mais d’un simple couvercle de coffre et les sièges arrière ne sont pas rabattables. Vu d’aujourd’hui, cela parait parfaitement incongru, mais les deux constructeurs, voulant éviter une concurrence frontale, se sont entendu : quatre portes sans hayon pour la 104, deux portes avec hayon pour la 5. L’histoire montrera que ces deux protagonistes seront bien des concurrents et chacun des constructeurs proposera finalement les versions interdites au départ. (cliquez sur les images pour agrandir)


GL
Introduite en 1974, la GL apportera quelques améliorations d’équipement comme par exemple les dossiers réglables, les sièges entièrement en tissus et un tableau de bord plus complet (en fait repris des 104 coupé). Elle sera reconnaissable extérieurement par ses joncs chromés autour des pare-brise et lunette arrière. La mécanique est inchangée. Sur la vue arrière ci-dessous, notez les feux arrière débordant introduits pour le millésime 1976. Lors du millésime suivant, elle deviendra l’entrée de gamme pour de nombreuses années, conservant ses petits feux et pare-chocs jusqu’au deuxième changement de calandre en 1981. A partir de cette date, elle aura le même aspect extérieur qu’une GR. (cliquez sur les images pour agrandir)


GL6
Grosse évolution de gamme pour le millésime 1977 : toutes les 104 profitent désormais d’un hayon arrière combiné aux sièges rabattables lui offrant une modularité tant attendue par les clients. On élargit la gamme en introduisant la versions GL6, avec un moteur 6CV de 1124 cm3 développant 57 ch, lui faisant gagner 10 km/h en vitesse de pointe. Elle va reprendre la calandre vue sur les coupés ainsi que de nouveaux pare-chocs noir plus épais et intégrant les clignotants. Avec ses prestations améliorées, elle deviendra le cœur de gamme. (cliquez sur les images pour agrandir)
SL
Introduite également pour le millésime 1977, la SL est une GL6 avec un équipement supérieur et une présentation plus poussée avec notamment des garnitures de sièges spécifiques. Ce sera le haut de gamme de la 104 berline pendant deux ans avant l’introduction de la S en 1979. (cliquez sur les images pour agrandir)
GR
Cette version apparaît pour le millésime 1980 qui correspond à une nouvelle grosse évolution de la gamme 104. Les dénominations de modèles sont alignées sur celles de la génération « 05 », 305 et 505 lancées plus tôt. La GR n’est ni plus ni moins qu’une GL6 rebaptisée et, s’adaptant à une nouvelle réglementation fiscale, devient une 5 CV au bénéfice des propriétaires dont les taxes seront allégées. La présentation générale ne change guère si ce n’est les garnissages intérieurs un peu plus cossus. Les illustrations ci-dessous montrent la nouvelle calandre apparue pour le millésime 1982 et les feux arrière proposés en 1981. Peugeot fait étrangement évoluer sa 104 par petites touches d’années en années. (cliquez sur les images pour agrandir)
SR
Également apparue en 1980, la SR remplace la SL tout en améliorant ses prestations. Le moteur passe à 1219 cm3 mais reste à 57 ch comme sur le 1124 cm3 précédent. Le gain se fera au niveau du couple qui passe de 80 mN à 92 mN pour plus de souplesse. Elle gagne aussi des baguettes de protection latérales, un équipement revu à la hausse ainsi que des garnitures plus cossues la faisant monter en gamme, surtout si l’on prend l’option « Grand Confort » avec les sièges en tweed. On est loin de la pauvreté des premiers modèles ! (cliquez sur les images pour agrandir)
S
A travers le coupé ZS, Peugeot proposait depuis quelques années une 104 un peu plus vitaminée. Il faudra attendre le millésime 1979 pour que la berline ait droit au même traitement. On y greffe tout simplement le moteur de 1124 cm3 poussé à 66 ch de la ZS, la vitesse de pointe passe à 155 km/h. Sur le premier millésime, on reconnaîtra la S par ses encadrements de vitres noirs et ses nouvelles jantes sans enjoliveur que l’on peut remplacer par des jantes alliages Amil en option. A l’intérieur, on opte pour un garnissage de tissus aux rayures noire, orange et rouge très visible. Mais dès 1980, elle va profiter de la nouvelle évolution de gamme citée plus haut : la S va héritez du moteur de 1360 cm3 et 72 ch lui permettant de croiser à 158 km/h. Sa présentation extérieure va gagner des bandes latérales, noire, rouge, ou argent suivant la teinte extérieure et les sièges seront beaucoup plus sobres qu’au millésime précédent car ils seront en tissu noir, simplement relevés par deux bandes de couleurs rouge ou bleue. Le choix des teintes extérieures sera limité aux noir, argent, rouge et bleu Ibis. (cliquez sur les images pour agrandir)
GLS
Suite à la commercialisation de la 205 en 1983, la gamme 104 berline est réduite à sa plus simple expression et seule subsiste une nouvelle version GLS suréquipée. Sa présentation générale est calquée sur la série spéciale Style Z proposée sur les coupés, son moteur sera le 1124 cm3 de 50 ch. Ce modèle sera une alternative très économique par rapport à la 205 dont le succès laisse présager un arrêt imminent de la 104. Pourtant, cette dernière sera proposée jusqu’en 1987 avec même un ultime changement de calandre reprenant le dessin à trois barres de ses sœurs de gamme. (cliquez sur les images pour agrandir)
On l’a vu, la gamme 104 a peu évolué pendant les quatre premières années de commercialisation et il faudra encore attendre deux ans de plus pour s’offrir la version sur-vitaminée S. Si Peugeot avait été plus rapide, cette version sport aurait-elle ressemblée à celle que je vous propose ci-dessous, encore bien ancrée dans l’esprit des années 70 ? (cliquez sur les images pour agrandir)
Aujourd’hui la 104 est devenue bien rare, victime des opérations de reprise telle que les « Jupettes » et « Balladurettes ». En trouver une devient compliqué, mais de l’avis d’une personne travaillant dans la vente de Youngtimers, cette petite Peugeot garde un capital sympathie très fort et pour peu que le modèle soit sain, elle ne reste pas longtemps dans les annonces.

Votre commentaire