Peugeot 204, la révolution technologique de Sochaux !

« Rétrograde, elle commence à cliqueter !  » Nous sommes de retour de week-end chez mes grands-parents, moi tout jeune conducteur au volant, mon père comme passager me prodiguant ses conseils, le reste de la famille sur la banquette arrière et le coffre remplis des bagages et victuailles issues du jardin familial. Nous sommes sur la D1 dans la longue et raide côte située entre Kirrberg et Rauwiller à la frontière entre la Moselle et le Bas-Rhin. Force est de constater que le break 204 chargé jusqu’à la gueule a fort à faire avec ses valeureux cinquante cinq poneys ! Le truc était de bien tirer sur les rapports et de ne pas enclencher la quatre trop tôt dans cette côte, les soupapes ayant tendance à jouer facilement les castagnettes avec l’arbre à cames ! Je me débattais ainsi avec le levier au volant pour trouver le meilleur régime possible en fonction de la situation…

La Peugeot 204 Break Blanc Alaska de mon père

Pendant une longue période, Peugeot avait la réputation d’un constructeur de véhicules sérieux, fiables aux choix techniques très classiques mais manquant un peu de fun. C’était l’époque des 203, 403 et 404. En 1965, la marque décide de compléter sa gamme vers le bas afin d’élargir l’offre et de donner une petite sœur à la 404 : ce sera la 204. Avec elle, Peugeot va faire sa révolution technologique et va appliquer les préceptes tout récents des voitures modernes : quatre roues indépendantes, traction avant, moteur transversal en aluminium et freins à disque. Elle est ainsi en rupture totale avec ses prédécesseurs et sera la première berline Peugeot à roues motrices antérieures.

La première 204 de 1965, notez l’absence de ceintures de sécurité et de rétroviseur extérieur !

La base de départ est tellement saine que les évolutions techniques tout au long de sa carrière seront minimes. Ainsi le moteur à arbre à cames en tête disposera d’une cylindrée qui restera à 1130 cm3 pendant les neuf années de son existence, seule la puissance évoluera de 53 ch à 55 ch DIN en 1969 ! Outre le fait que la 204 étrenne pour Peugeot la traction avant, elle sera aussi la plus petite berline diesel au monde ! Peugeot avec Mercedes étant le premier à démocratiser cette technologie pour les véhicules de tourisme, va faire profiter ce segment de marché de son expérience. Malheureusement, dérivé du moteur essence, sa fiabilité ne sera pas à la hauteur de ce que l’on attend généralement d’un diesel. D’autre part, sa faible puissance donnera des performances très très modestes, compensées heureusement par des consommations mesurées. Peugeot devra revoir sa copie en renforçant le bloc et en augmentant la cylindrée de 1255 cm3/40ch à 1357 cm3/45 ch sans pour autant totalement éliminer les problèmes. Cette version diesel sera longtemps disponible uniquement en break et il faudra attendre 1974 pour le voir arriver sur la berline. Bien sûr, elle sera surtout prisée par les artisans et les commerciaux.

Mais revenons un peu en arrière : la version berline sera présentée en 1965 avec un design classique mais agréable disposant d’originaux phares ovales qui donneront toute sa personnalité à la face avant. Le break viendra épauler la berline en 1966 et l’année suivante, c’est au tour des coupés et cabriolets de compléter la gamme. Peugeot appliquant ici le même régime qu’avec 404.

Autant le dire de suite, la 204 sera un grand succès pour Peugeot : produite à environ 1,6 millions d’exemplaires toutes variantes confondues, elle sera la voiture la plus vendue en France en 1969, 1970 et 1971. Peu d’évolutions techniques donc, mais également peu d’évolutions de présentation : les feux arrières à l’origine en amande reprendront ceux des coupés / cabriolets en 1966 et seront encore agrandis en 1973. Les pare-chocs profiteront également d’un bourrelet en caoutchouc et à l’intérieur le tableau de bord avec le compteur de vitesse linéaire très à la mode dans les années 60 passera aux trois ronds plus modernes. Mais l’évolution la plus visible portera sur la calandre qui passera du métal au plastique en 1974. Beaucoup de fans de 204 regretterons ce choix car la première calandre inox est selon eux beaucoup plus belle et participe à la personnalité de l’auto. En passant à la calandre noire, la 204 rentre dans le rang et se banalisera, mais il faut se remettre dans le contexte de l’époque où le plastique noir remplacera de plus en plus le chrome des années 50 et 60. La Renault 4 en étant un autre exemple.

Mais pourquoi aussi peu de changements ? Pour la simple et bonne raison qu’en 1969, Peugeot décide de lancer la 304 qui n’est autre qu’une 204 rallongée, plus cossue et avec une face avant de 504 ! A elle les évolutions moteurs (carburateurs double corps sur les S et SLS), à elle les multiplications de finitions (GL, SL, etc…), à elle un nouveau tableau de bord, de nouveaux garnissages intérieurs. Bref, elle aura droit à tous les égards et la 204 prendra le rôle d’entrée de gamme jusqu’à la présentation de la 104 en 1972. Peugeot n’est d’ailleurs pas le seul à faire du neuf avec du vieux à bon compte : Renault avec son duo R8/R10 et Simca avec les 1300-1500/1301-1501 feront de même. Mais de mon point de vue avec beaucoup moins de réussite que Peugeot, la ligne de la R10 est bien moins attractive que celle de la R8 !

Le but avoué de la 304 est d’investir le créneau des 7CV de plus en plus important dans les années 70. Ainsi, en investissant un minimum, Peugeot répondra à la Renault 12, à la Citroën GS et en même temps comblera le trou existant entre la 204 et la grosse 504.

Comme vu plus haut, la 204 n’aura pas multiplié les versions. Imaginons un instant le contraire et nous aurions eu droit à une variante sportive de ses berline et break que je vous propose ci-dessous. Celle-ci aurait pu ferrailler avec la 12 Gordini et éviter d’attendre la 104 ZS pour proposer un dérivé sportif issu de la gamme standard ! (cliquez pour agrandir)

Peugeot 204 Break Sport

En guise de conclusion, je vous propose une version fourgonnette basée sur la version sport ci-dessus et assurant l’assistance lors des rallyes Africains !

Peugeot 204 fourgonette assistance

Complément du 06 mars 2020 :

En association avec le site ma204.free.fr, j’ai réalisé ces nuanciers des 204 berline et break. Merci à Pierre Jullien pour les informations complètes et très détaillées qu’il m’a transmises. Ensemble, nous avons également cherché à reproduire les teintes le plus justement possible, le but étant de combiner esthétisme et valeur documentaire.

4 commentaires sur “Peugeot 204, la révolution technologique de Sochaux !

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  1. Bonjour,je possède plusieurs Peugeot dont un cab de 1970,et j’ai beaucoup aimè la version fourgonnette assistance,ayant moi même réalisé sur mon 504 PU une déco assistance.
    Un petit coucou a Pierre en passant.

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  2. Salut Philippe!

    Belle synthèse! Pour ma part j’en ai eu 4 dont la 1ère en 1971… Puis je suis passé à la 304 dans toutes ses déclinaisons essence, sauf le Coupé et la Cabriolet.

    Ma 1ère 204 a été un ravissement, suite à une 4L qui avait fait mon bonheur depuis 07/68.. Quel régal cette 204 pour ma jeune famille, mon épouse et ma fille Christelle bébé! La 4l ne convenait vraiment plus…

    Na pas oublier sur la 304, le passage du levier de vitesse au plancher sur la 304 S…Là aussi quel bonheur cette 304! J’en ai eu 4 également, 2 « normales » , une « S » et une « SLS »….

    Bonne journée Philippe
    Amitiés.
    JP

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    1. Salut JP,

      C’est amusant car mon père avait aussi une R4 avant sa 204 ! A l’époque j’aimais aussi beaucoup la 304, avec son avant de 504, elle faisait classe. Le frère de mon père était agent Peugeot en Moselle et donc dans la famille, il y avait pas mal de modèles de la marque. Un jour mon père avait emprunté une 304 SLS de démonstartion à mon oncle et je me souviens que la combinaison de couleur, blanc extérieur et bleu intérieur me plaisait beaucoup et oui, le levier de vitesse au plancher faisait bien plus sport qu’au volant ! J’aurais bien aimé à l’époque que mon père la garde, car elle faisait plus haut de gamme que la 204 Break avec ses sièges en Teppluxe ! Je me souviens aussi de la variante luxe du break 304, la SL avec sa garniture de coffre en bois et jonc chromés !

      Bon week-end !

      Philippe

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