Renault 5 GT Turbo : jamais essoufflée !

Strasbourg, à l’aube d’un lundi matin de printemps 1986, un copain me cherche chez moi en voiture  :

« Salut ça va ? »

« Salut ! Ouais… enfin… bof… pas trop… le week-end était chargé et je n’ai clairement pas assez dormi… bref, là je suis super naze. Alors en fait, si tu voulais prendre le volant, ça m’arrangerait bien ! ».

Un temps de réflexion durant une fraction de seconde en me disant « J’ai rêvé là ou il me propose de conduire sa GT Turbo ?! » et puis rapidement d’un air faussement désintéressé je lui réponds : « ben ouais, si ça t’arrange, moi ça ne me dérange pas ! » (tu m’étonnes, qui ferait le difficile devant une telle proposition ?).

Aussitôt dit, aussitôt fait : je m’installe au volant, règle le siège, les rétros, débraye, passe la première, la seconde et… tout est évident, je me sens comme chez moi, un vrai vélo à conduire cette Supercinq, d’une évidence enfantine !

Certes, nous sommes en ville et le turbo n’a pas vraiment l’occasion de se mettre en route, donc en l’occurrence, on est plus proche des sensations d’une TL que d’une GTT ! Mais bientôt, nous quittons Strasbourg, franchissons la frontière allemande pour s’engager sur plus de deux cent kilomètres de routes départementales à travers la Forêt Noire et autoroutes pour rejoindre Friedrichshafen où nous faisons notre service militaire ! Eh oui, c’est dans ce contexte que je vis cette aventure et autant ne pas traîner car il faut être au rapport à 8h00 pétante ! Allez, le pied droit enfonce la pédale de droite et… il ne se passe pas grand chose !… du moins pas avant 1500/2000 tr/mn, car une fois passé ce cap, c’est le grand bond en avant ! Le turbo souffle dans les bronches du « Cléon fonte » en lui redonnant une jeunesse connue sur la 8 Gordini ! Quel pied ! Cette sensation de puissance à chaque coup d’accélérateur, on en redemande sans cesse, un vrai pousse au crime ! Les sorties de virages en Forêt Noire ? Effacées en un souffle ! Une Opel placide qui joue les chicanes mobile sur la route ? Pas de souci, un coup de quatre, une pression sur l’accélérateur et l’objet roulant soporifique est vite oublié ! Puis vient l’autoroute… non limitée !… pied droit au plancher, à fond de cinquième pour accrocher les presque 200 km/h ! A cette heure matinale, la circulation est très clairsemée et au final les quelques deux cent trente kilomètres passent bien vite… trop vite !… Car nous voilà déjà rendus à notre destination et c’est avec grand regret que je gare la GT Turbo sur le parking de la caserne mais avec une immense reconnaissance à mon pote pour m’avoir fait vivre cette expérience si rafraichissante, jamais un retour vers la caserne n’a été aussi excitant, ça m’a fait la semaine ! C’est sans doute à ce moment là que je me suis dit, à propos d’une petite sportive : « j’en aurai une un jour ! ».

Lorsque l’on évoque le phénomène Youngtimer en France, et en particulier les sportives du mouvement, beaucoup pense en premier lieu à une voiture devenue un peu le symbole de celui-ci, la 205 GTI. Pourtant à la même époque, il y a eu d’autres sportives qui ont marqué les esprits, la Renault 5 GT Turbo, un peu oubliée aujourd’hui, fait définitivement partie de celles-ci.

Renault 5 GT Turbo Phase 1 bleu métallisé

D’ailleurs, Renault au contraire de Peugeot, avait déjà bien occupé le terrain des sportives issues de la série et avec un grand succès ! La R8 Gordini en est le meilleur exemple, ont suivi la 12 Gordini avec néanmoins un succès très limité et les éminemment sympathiques 5 Alpine et Alpine Turbo. Mais au milieu des années 80, cette dernière avait un chassis largement dépassé par ses meilleures concurrentes et Renault se devait de contrer la 205 qui faisait un véritable carton en reprenant la place laissée vacante par la Golf 1 GTI, la 2 s’étant quelque peu embourgeoisée. Présentée en mars 1985, la GT Turbo reprendra la base mécanique de sa grande sœur Alpine Turbo, soit le bon vieux « Cléon Fonte » cité plus haut de 1397 cm3 avec une puissance au départ de 115 ch et des performances supérieures à la 205 GTI 105 ch. Malgré ses qualités, la 5 ne parviendra jamais à égaler en terme de résultats commerciaux la GTI de Peugeot. La principale explication réside sans doute dans le fait que le dessin et la présentation de la 205 sont plus consensuels, plus bon chic bon genre et plaît au plus grand nombre. En face, la 5 avec sa profusion de plastiques noirs rapportés, élargisseurs d’ailes, bas de caisse, fausses prises d’air, en fait trop dans le look sportif à la limite du tuning. Bref, elle fait moins classe ! Il y aura néanmoins une version blanc nacré (identique à celle de mon pote d’armée) qui avec ses pare-chocs peints en harmonie avec la teinte de carrosserie donnera une image plus haut de gamme. Cette version rencontrera un beau succès et préfigurera finalement ce que Renault fera sur la série 2.

Renault 5 GT Turbo phase 1 blanc nacré

C’est en 1987 que Renault va remettre à jour sa GT Turbo en augmentant la puissance de seulement 5ch mais qui feront la différence avec la série 1 et permettra à la GTT de coller aux basques de la 205 GTI (eh oui, toujours elle !) qui est passée à 130 ch et qui est de fait la nouvelle référence. Renault en profite pour assagir le look en supprimant les fausses prises d’air sur les élargisseurs d’ailes arrières et en appliquant sur tous les éléments en plastiques la teinte de la carrosserie. Elle gagne ainsi en prestance et monte visuellement en gamme.

Renault 5 GT Turbo phase 2 bleu lumière

En 1989, afin de célébrer des succès sportifs avec notamment Alain Oreille en championnat FIA, une série spéciale reprenant le nom du pilote sera proposée dans un très sobre bleu sport métallisé qui sera appliqué sur les jantes également, l’intérieur bénéficiera d’une sellerie spécifique mais aucune évolution mécanique n’est proposée.

Renault 5 GT Turbo Alain Oreille

La GT Turbo laissera la place en 1991 à la Clio 16S délaissant par la même occasion la technique du turbo pour une solution plus en vogue à l’époque, les 16 soupapes. Celles-ci sont synonyme de bon rendement mais souvent également de chevaux haut perchés dans les tours, moins spectaculaires quant au coup de pied aux fesses lors des accélérations !

Comme Peugeot qui n’a pas fait de 205 GTI 16S, Renault n’a pas fait de R5 super vitaminée, que je vous propose aujourd’hui sous la forme d’une RS Turbo, soit Renault Sport Turbo poussée à 150 ch par le département sportif de la marque. Des jantes de 15 pouces Speedline et des couleurs reprennant les codes Renault Sport finiront de lui donner son look.

Renault 5 RS Turbo jaune

Renault 5 RS Turbo jaune
Renault 5 RS Turbo bleu et orange

Alors vous allez me dire : « mais pourquoi ne pas avoir acquis une GT Turbo après avoir fait une expérience aussi positive à son volant ? ». C’est que la 205 GTI sortie en 1984 me faisait de l’œil depuis un moment et je n’avais de cesse d’en posséder une. De plus, la presse sportive était dithyrambique à son sujet et puis sans doute l’environnement très Peugeotiste de ma famille a fait le reste !…

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