Créée en 1955 par Jean Rédélé, la marque Alpine, malgré sa disparition en 1996, s’est définitivement ancrée dans le patrimoine automobile français. Cette image très forte, qui d’ailleurs a permis sa résurrection en 2018, est le fruit d’un modèle emblématique : la berlinette A110 bien sûr ! Cette dernière a fait le bonheur de tant de pilotes amateurs et professionnels dans les années 60 et 70. Grâce à ses nombreux succès, elle s’est bâtie une popularité qui ne se dément pas jusqu’à aujourd’hui. Ce n’est donc pas un hasard si c’est ce modèle qui inspira les dirigeants du groupe Renault pour relancer la marque. Pourtant, la première A110, lorsqu’elle est présentée en 1962, n’est pas un modèle cent pour cent inédit car dérivant de l’A108 lancée en 1957. Cette dernière est proposée en coupé quatre places, coach, cabriolet et à l’occasion du 9e Tour de France Auto de 1960, en Berlinette baptisée justement « Tour de France ». Les gênes de l’A110 sont donc déjà bien présents dans cette A108. Néanmoins, l’A110 va se démarquer par une partie arrière totalement redessinée par Serge Zuliani, diplomé d’esthétique industrielle. Il va profiter du déplacement du radiateur de refroidissement migrant de sa position latérale vers l’arrière pour lui donner une forme beaucoup plus élancée et moderne par rapport à l’A108. La partie avant étant quant à elle quasi inchangée. L’ensemble donnera la silhouette tant connue et qui perdurera sans quasi aucun changement tout au long de ses 15 années de carrière. Mécaniquement, les Alpine vont toujours suivre les évolutions techniques des différents modèles Renault. Ainsi la toute première Alpine A106 sera basée sur la 4CV Renault, l’A108 sur la Dauphine et l’A110 démarrera sa carrière avec le moteur des Floride S et Renault 8 : 945 cm3 et 51 ch, chiffres bien modestes en comparaison de notre référentiel d’aujourd’hui ! Mais il est vrai que le poids, grâce à un châssis aluminium et à une carrosserie polyester n’était que de 600 kg !

Très vite l’A110 va évoluer en même temps que la R8 Gordini : elle aura droit en 1964 au 1100 cm3 de 95 ch et en 1965 au 1300 cm3 de 115 ch, les vitesses de pointe seront respectivement de 195 et 210 km/h dignes des meilleures sportives de l’époque. La 1300 deviendra une version mythique de la gamme au même titre que la 1600 qui optera le nouveau et moderne moteur de la R16TS en 1968 : 1565 cm3, 92 ch et 195 km/h. Et en 1969 version 1600S à 125 ch et 215 km/h. A côté de ces versions résolument sportives, on proposera des versions plus sages et civilisées destinées à un usage routier et quotidien dont celle retenant le 1500cm3 de 90 ch de la R16 qui, avec seulement 43 exemplaires vendus, ne rencontrera guère de succès. Elle sera très vite abandonnée.

Mais entre les 1300 et les 1600, il faut noter l’année des grands changements pour la marque et l’A110, 1966 : le losange Renault vient se loger sur le capot, signifiant l’entrée de la marque au capital du constructeur dieppois. On intégrera aussi en série ce qui n’était jusqu’alors qu’une option : les feux longues-portées sur le capot donnant ainsi le visage si caractéristique de l’auto.
L’A110 est désormais sur les rails en France mais également à l’étranger car produite en Espagne par FASA, au Mexique par DINA et Brésil par Willys Overland. Elle est donc beaucoup plus que seulement française.
En 1971 la Berlinette va désormais cohabiter avec sa grande soeur A310 qui a pour ambition d’être une sorte de Porsche 911 française. Les efforts de la marque vont se porter sur cette nouveauté sans pour autant délaisser la petite soeur car cette dernière héritera du train arrière de l’A310 en 1973. Année également importante puisque d’une part, l’A110 sera, avec sept victoires sur treize épreuves, la première voiture sacrée championne du monde des rallyes et d’autre part la marque sera rebaptisée Renault-Alpine suite à la prise de participation majoritaire de la marque au losange. L’A110 bénéficiera encore d’évolutions : en 1974 la gamme sera limitée aux 1300 et 1600, en 1975, les butoirs passent de ronds à carrés et les baguettes latérales chromées disparaissent. Puis ne subsistera plus que la 1600SX à partir de 1976 avec le moteur moins puissant de 25 % hérité de la 16TX , la production suit la même tendance : moins 50 % en 1977 par rapport à 1976. Il est vrai qu’il faut laisser la place définitivement à l’A310 qui, héritant du V6 PRV, a d’autres ambitions pour la marque. On clos ainsi quinze années d’une carrière bien remplie sans se douter un instant que quarante ans après l’A110 allait renaître !…


Votre commentaire