504 coupé et cabriolet, l’icône de Peugeot

Faites un petit sondage autour de vous à propos du design des 504 coupé et cabriolet : je suis certain que dans l’immense majorité des cas, il sera accueilli favorablement. Ces modèles sont désormais devenus de véritables icônes du constructeur au lion au même titre que par exemple la 205. Peugeot lui-même alimente la légende avec la présentation du concept car « E-Legend » au dernier salon de Paris : celui-ci reprenant la forme générale du coupé original ainsi que certains gimmicks comme les feux arrières divisés en trois parties. Ce concept-car devait pourtant présenter les solutions technologiques de demain, ce qu’il fait d’ailleurs : propulsion électrique, autonomisation de la conduite sont au programme. Mais le tout sous une forme néo-rétro qui a tant fait l’unanimité qu’une pétition à été lancée sur internet afin de convaincre Peugeot de le mettre en production !

504 coupé phase 1 bleu vert métallisé

Etant gamin, cette 504 faisait partie de mes favorites : le dessin à la fois classique, harmonieux, avec une pointe d’agressivité m’interpellait. Cinquante ans plus tard, il n’a pas pris une ride et demeure toujours aussi désirable, la preuve par sa cote en collection en constante augmentation et faisant partie des plus élevée de la marque. Sachant que ce design était enfanté par le carrossier Italien Pininfarina, on se dit : « Punaise, pour dessiner de belles bagnoles, ces Italiens étaient quand même très forts en ce temps-là ! ». Mais, surprise ! Ce dessin, bien qu’Italien, est très fortement inspiré de la première Chevrolet Camaro Américaine avec un design élaboré par un véritable Yankee ! Les fondamentaux du design de la 504 coupé sont tous présents : le pli de carrosserie latéral qui sépare les flancs en deux parties bien distinctes, la vague qui passe du passage de roue avant vers l’arrière en passant sous le vitrage latéral, l’avant et l’arrière verticaux. Et là, tout d’un coup, on réalise que l’aura des designers Italiens en prend un sérieux coup !

504 coupé phase 1 bleu vert métallisé

Tout au moins Pininfarina, car sans vouloir dénigrer le talent du studio, il faut admettre que le recyclage d’un dessin est un sport pratiqué par ce carrossier : prenons par exemple le cas de la 404 berline dont le design va se retrouver chez Austin et Fiat ! Certes, à l’époque, les échanges commerciaux entre pays n’étant pas aussi dévelloppés qu’aujourd’hui, ça passait, mais à l’heure de notre monde interconnecté, ce ne serait plus possible.

Icône le coupé 504 ? Aujourd’hui oui, elle est perçue comme telle, mais durant sa carrière ce n’était pas tout à fait le cas : son design était certes apprécié mais ne se traduisait pas forcément en ventes restées assez limitées. Le premier frein étant les tarifs : en 1969, lors de son apparition il fallait débourser 24.000 Francs à comparer à la valeur de la berline équivalente vendue 14.800 Francs, soit 62 % de plus ! Deuxième point : elle reprenait simplement les moteurs injections de la berline sans évolution et avec le premier 1,8 l de 97 ch DIN, ses performances n’étaient pas à la hauteur des meilleurs concurrentes Alfa-Roméo Giulia, Ford Capri, etc… Les choses vont s’améliorer en introduisant l’évolution 2 l et 104 ch DIN en 1971 mais ce sera néanmoins toujours insuffisant pour faire partie du top. Les qualités de la 504 coupé seront ailleurs : confort, polyvalence, tenue de route feront d’elle une parfaite grand tourisme mais pas une sportive. Les ventes vont au fil des années baisser et Peugeot décidera de relancer le modèle en 1974 en proposant pour la première fois un moteur V6, le fameux PRV développé avec Renault et Volvo.

504 cabriolet phase 2 bleu argent métallisé

Elle bénéficiera d’un face-lift extérieur avec de nouveaux phares et feux arrières qui seront moins originaux que les précédents. L’intérieur sera également plus cossu traduisant ainsi la volonté de Peugeot de monter en gamme.

504 coupé phase 2 gris fumé métallisé

Mais la première crise du pétrole est passée par là et la consommation élevée du PRV ne lui facilitera pas la tâche. Pas plus que les tarifs toujours aussi élevés : en 1976, le coupé V6 sera avec 48.750 Francs le modèle le plus cher de la gamme Peugeot, 61 % plus cher que la berline TI et 17 % de plus que la 604 SL ! Ainsi, la courbe des ventes ne remontera pas comme espéré par Peugeot, bien au contraire ! Et ce d’autant moins que seul le moteur V6 sera proposé sur les coupé et cabriolet, exit le 4 cylindres ! Grave erreur de Peugeot qui le comprenant bien tard, ne sera rectifiée que deux ans plus tard avec un retournement de situation complet : retour des 4 cylindres sur les coupé et cabriolet et le V6 ne subsistera que sur le premier cité passant à l’occasion à l’injection afin de limiter sa gourmandise. Les ventes vont s’améliorer mais il sera trop tard pour vraiment rectifier le tir.

La carrière des 504 coupé va néanmoins perdurer jusque dans les années 80 malgré un design plus tout à fait en phase avec l’époque où les lignes tendues étaient à la mode. Peugeot va donc faire une ultime évolution esthétique en greffant des pare-chocs résine qui vont « moderniser » la ligne. Je vous laisse juge du résultat mais d’aucun estiment que ceux-ci alourdissent le profil, surtout sur le cabriolet. Le modèle sera arrêté en 1983 dans l’indifférence générale mais va connaître un regain d’intérêt au cours des années suivantes dans le marché de la collection. Les critères n’étant plus les mêmes, les performances par exemple ne sont pas la première motivation d’achat d’un collectionneur et la 504 avec sa ligne, ses qualités dynamiques, va rencontrer son public.

504 coupé phase 3 rouge amarillys métallisé

Avec le recul, certains puristes ne jurent que par la phase une avec ses feux originaux, d’autres détestent la phase trois et ses pare-chocs proéminents. De mon côté, je trouve un charme à chacune des trois séries et il m’est difficile d’en préférer une à l’autre.

505 cabriolet phase 3 rouge écarlate

On l’a vu, il n’y a jamais eu de 504 coupé sportive pouvant jouer dans la cours des Ford Capri 2600 RS par exemple. Imaginons un instant que le fameux PRV aurait conservé les deux derniers cylindres de son V8, ceci combiné avec une politique produit plus audacieuse de la part de Peugeot et nous aurions eu au catalogue une 504 coupé V8 RSI, certes et sans doute à un tarif astronomique, mais nous Français, aurions eu également notre « muscle car » qui n’aurait pas à rougir face à la concurrence la plus affutée !

504 coupé V8 RSI jaune
504 coupé V8 RSI bleu vert métallisé
504 coupé V8 RSI rouge

Mais il est vrai que Peugeot à l’époque était un constructeur encore bien conservateur et il faudra attendre les années 80 avant qu’il ne sorte ses griffes avec les 505 Turbo injection, 205 GTI ou encore 405 MI16. Alors il faudra vous contenter d’admirer les 504 coupé et cabriolet, qui fêtent d’ailleurs leur 50 ans cette année, dans leur sage forme d’origine lors des différents rassemblements d’automobiles anciennes un peu partout en France !

8 commentaires sur “504 coupé et cabriolet, l’icône de Peugeot

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  1. Bonjour Phil,
    Vous avez mis une réalité à mes rêves d’enfant.
    Cette 504 coupé V8, c’est juste magistral.
    Continuez à nous emmener dans ces souvenirs et nous faire rêver.
    Cordialement.
    Jack

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    1. Bonjour Jack, merci ! Moi aussi quand j’étais gamin je rêvais d’une 504 coupé plus affutée. D’ailleurs, j’avais une certaine frustation de constater que les constructeurs Français étaient toujours à la traîne des Allemands dans le domaine des moteurs nobles. Le dessin permet de mettre en vie ces rêves !…

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  2. Bonjour Phil,
    Quand on pense que l’auto a été étudiée par les équipes de Pininfarina dans les dernières années 60 pour une présentation au salon de Genève de mars 1969, on ne peut que saluer le talent de ceux qui ont fait naître ces lignes classiques semblant défier le temps qui passe. Si nous mettons en mouvement un plateau tournant présentant un coupé 504, il n’y a pas un angle qui fasse apparaître de défaut de style ou de proportion. C’est d’un équilibre incroyable. Il se dit du reste que lorsque les responsables du style Peugeot à La Garenne ont découvert le prototype présenté par Pininfarina, ils ont ressenti une émotion intense. Rien n’a été modifié pour l’industrialisation.
    Je conserve toujours le coupé 504 de 1969 que j’ai acheté d’occasion en 1979 et éprouve toujours le même plaisir à le regarder et à le conduire…
    Merci pour ces belles illustrations !

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    1. Bonjour François, merci pour votre message et pour l’appréciation de mes illustrations, cela fait toujours plaisir. Je n’ai pas le plaisir de posséder un des deux modèles mais le coupé en particulier m’a toujours fait rêvé, ceci depuis que je suis gamin. Le design est devenu un classique et en même temps intemporel, une vraie réussite, effectivement. Vous avez été bien inspiré en 1979 !

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