Mai 1968, toute la France est à l’arrêt et l’usine Peugeot de Sochaux n’échappe pas au mouvement, c’est ici qu’est prévu la fabrication de la 504 qui va être une victime collatérale des événements. En effet, initialement prévue au mois de juin, la présentation officielle a du être reportée au mois de septembre. Mauvais présage pour la carrière de la 504 ? Assurément non, puisque cette dernière va connaître un immense succès dans le monde entier !
Son style moderne, sobre et dynamique est le fruit du carrossier Pininfarina et du bureau de style Peugeot qui seront mis en concurrence sur le sujet. Finalement ce sera un mix des deux entités qui sera retenu : de Pininfarina la forme générale et de Peugeot la face avant. Avec la 504, on entre dans une nouvelle ère esthétique de la marque qui sera une vraie rupture après les classiques 403 (présentée en même temps que la DS en 1955 !) et 404. Deux traits stylistiques vont marquer les esprits : d’abord le coffre arrière qui présente une ligne brisée faisant couler beaucoup d’encre parmi ses détracteurs. Ensuite, son avant discrètement agressif avec ses fameux phares trapézoïdaux que l’on comparera aux yeux de Sophia Loren ! Ces derniers donnerons d’ailleurs la feuille de route à de nombreuses Peugeot postérieures à la 504. Elle sera la première voiture française qui proposera des glaces latérales courbées et elle remportera le prix de la voiture de l’année 1969.
Avec elle, Peugeot va récupérer les clients de la 404 et se placer sur le haut de gamme Français représenté par les Citroën DS et Renault 16 TS. Son côté bon chic bon genre bourgeois va se poser en alternative à l’exubérance de la DS et au côté un poil utilitaire du hayon de la R16, cette dernière étant utilisée par de nombreux « VRP ». Façonnée avec les 403 et 404, l’image sérieuse et robuste de Peugeot va être encore renforcée par la 504.
Lancée avec un moteur de 1796 cm³ développant 82 ch avec carburateur et 97 ch avec l’injection, elle évoluera en 1971 avec une cylindrée passant à 1971 cm³ et des puissances respectives de 93 et 105 ch pour les carburateur et injection.
En parallèle est proposée la version diesel qui va faire le bonheur de nombreux taxis, Peugeot étant avec Mercedes précurseur dans ce domaine et répond à une demande des grands rouleurs. Ce moteur indestructible fera beaucoup pour l’image de robustesse de la 504 mais son caractère placide combiné à un niveau sonore élevé se rapproche plus d’un tracteur agricole que d’un véhicule de tourisme ! Cette motorisation est néanmoins indissociable de la 504.



Crise pétrolière oblige, on se doit de sortir une version économique prénommée L et on va ressortir pour le coup la motorisation à carburateur du lancement. Sa présentation est appauvrie en perdant les butoirs de pare-chocs, l’entourage chromé des encadrements de portières, les appuie-têtes et le tableau de bord est simplifié également. Le nuancier de teintes est restreint à des teintes non-métallisées. Les autres modèles de la gamme sont rebaptisés GL et TI.



Esthétiquement parlant, le modèle va très peu évoluer au cours de sa longue carrière de 15 ans : en 1975 les poignées saillantes laissent place à des encastrées et les clignotants deviennent blancs. En 1977, outre de nouveaux garnissages intérieurs, la calandre évolue en noir avec simplement deux baguettes chromées et un nouveau lion stylisé, ce qui mine de rien modifie quelque peu la physionomie de la face avant et on peut presque parler de restylage.



Malgré le lancement de la 505 en 1979, remplaçante de la 504, cette dernière subsiste au catalogue jusqu’en 1983 avec une gamme simplifiée rebaptisée GR/GRD, SR/SRD. Ceci est valable pour la France car dans le reste du monde on pourra commander des 504 jusqu’en 2005 ! Ceci expliquant aussi pourquoi Peugeot en a écoulé presque 3,7 millions (toutes versions confondues : berline, break, coupé, cabriolet et pick-up !) dont deux tiers vendues hors de France.
On pense bien sûr en premier lieu au continent Africain qui sera très friand du modèle qui remportera plusieurs rallyes Africain tels que les Bandama, Safari, Maroc, etc… Quelle meilleure promotion pour une voiture ? On trouvera également des 504 en Asie, Australie, Japon ainsi que sur le continent Nord-Américain car elle servira un temps comme taxi à New-York !
Mais il ne faut pas oublier le continent Sud-Américain avec le Chili, le Paraguay et surtout l’Argentine où le véhicule a perduré jusqu’en 1999 au gré de restylages opérés entre-autres par le styliste Pininfarina. Le fait qu’il ai été produit sur place a sans doute participé à sa grande popularité qui était telle que Peugeot Argentine a développé sa propre variante sportive réservée au marché local. Elle est baptisée TN en référence au championnat de Turismo Nacional dans lequel pouvait courir n’importe quel particulier avec un véhicule très proche de la série. Cette 504 proposée en bleu Martinique et en orange mandarine disposait d’une évolution mécanique du moteur de 1971 cm³ en y greffant un carburateur double-corps et développant ainsi 110 ch, soit un peu plus que notre plus puissante TI nationale. Des bandes blanches latérales viennent compléter le design de cette version dont on peut se demander si la Renault 12 Gordini n’a pas inspiré le gars qui l’a développée tant la ressemblance est troublante !

Peugeot étant dans les années soixante-dix très frileux sur les versions sportives, l’Europe n’a jamais eu droit à un équivalent, dommage car il aurait sans doute connu le succès au même titre que les autres versions. Encore une fois, je vous propose ma vision de cette hypothétique variante :



Je n’ai parlé ici que de la berline mais on ne peut oublier les oeuvres d’art que sont les coupés et cabriolets, lancés en 1969, toujours aussi populaires auprès des amateurs aujourd’hui. Citons évidemment les versions breaks/familiales ainsi que le pick-up. Toutes ces versions ayant participé à la promotion du modèle et de la marque Peugeot dans le monde entier.

Très jolie 504 rouge TI.
Mes parents avait une 504 beige…
Alain.
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Content que la TI/S rouge te plaise, c’est dans le style de ce que nous aimons ! Dans ma famille, ce n’est pas mon père qui avait une 504 mais mes oncles : GL et TI surtout en blanc. Te souviens-tu que mon chef chez RF en avait une ?
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