Mais quelle idée de faire une telle variante sur un véhicule si peu charismatique qu’est la Renault 6 ? Telle est la question que certains d’entre vous vont se poser en découvrant ce nouvel article. Vous voulez connaître le fin mot de l’histoire ? Alors n’hésitez pas à parcourir les lignes à suivre.
Nous sommes début 1977, Matra présente officiellement sa Rancho lors du salon de Genève et il faut bien reconnaître que son concept audacieux et novateur interpellait. Pour preuve, il rencontrait un très bel accueil tant de la part de la presse que des clients potentiels. Moi-même, bien que plus porté sur les voitures à caractère sportif, je n’étais pas du tout indifférent aux charmes de cette nouveauté. A cette époque, j’avais encore l’âge de faire évoluer mes « Solido » et « Norev » au 1/43e dans des décors fait de Lego, carton et contre-plaqué sans oublier le fameux garage à étages, jouet incontournable des garçons des années 70 ! Evidemment, parmi mes réductions de la production automobile mondiale, point de Rancho, il fallait attendre quelques longs mois afin qu’un des fabricants se penche sur le sujet. Frustré, je décidais donc de bricoler ma propre Rancho sur la base d’une de mes miniatures : les critères étant de rester sur un véhicule compact de même catégorie, qu’il ait un côté pseudo utilitaire et que sa couleur soit verte. Sur ce dernier point, on notera l’influence de la communication sur nos innocentes âmes, car Matra avait choisi cette teinte pour le lancement ! En observant le panel de véhicule qui s’offrait à moi, le choix n’était pas évident, non-pas qu’il soit pléthorique, non, c’était plutôt le contraire ! Finalement, un véhicule, remplissant le cahier des charges ci-dessus, s’est détaché des autres : une Renault 6 Norev verte ! Le gabarit était bien en phase avec la Simca 1100 utilisée comme base pour la Rancho et ses 5 portes donnaient la caution utilitaire. Evidemment, je n’ai pas pu le transformer aussi profondément, notamment la cellule arrière très travaillée, mes moyens étant limités. Je me suis donc contenté de la démonter afin de déplacer l’axe des roues de l’intérieur vers l’extérieur du châssis. L’assiette s’en trouvant ainsi rehaussée, elle faisait déjà plus tous-chemins. Je ne me souviens plus vraiment des autres modifications mais je crois bien que j’avais bricolé des pare-chocs proéminent à l’aide de carton. Evidemment, ce n’était pas la référence Rancho mais je me suis amusé quelque temps avec ma réplique improvisée. Ainsi, lorsque j’ai commencé à dessiner des voitures numériques, j’ai établi une « to do list » sur laquelle se trouvait cette fameuse R6 que je trouvais intéressante à mettre en œuvre. La voici donc non-pas en chair et en os mais en pixels !



Il faut imaginer que c’est une réponse de Renault à Matra donc, d’un point de vue calendaire, on se situe en 1977. L’inspiration est bien-sûr très « Ranchoesque » : ainsi, on retrouve des éléments similaires, comme les pare-chocs boucliers combinés aux protections latérales, le treuil, les longues portées et la galerie de toit. Afin de faire plus baroudeur, j’ai pris le parti d’appliquer des éléments, normalement chromés à l’époque, teintés en noir. Pour la calandre, j’ai fait un croisement entre celle de la première génération en conservant les phares ronds et celle de la seconde génération en plastique noir. L’assiette est relevée, les voies sont élargies, le tout reposant sur des roues plus larges et équipées de pneus tout-terrains. Mais là où Renault aurait pu faire la différence, c’est en appliquant la transmission à quatre roues motrices proposée par Sinpar. Avec cette dernière elle aurait eu un avantage certain sur la Rancho en utilisation tous-terrains, et certaines administrations telles qu’EDF/GDF (Electricité/Gaz De France), l’ONF (Office National des Forêts) ou encore les DDE (Direction Départementale de l’Equipement) auraient appréciés ce véhicule compact, léger, pratique et capable de franchir de nombreux obstacles.



Renault est-il passé à côté de quelque chose ? En fait, la marque au losange avait à l’époque d’autres chats à fouetter. De plus, la Renault 6 ayant déjà neuf années d’existence, approchait lentement mais sûrement de sa fin de carrière. Il faut se replacer dans le contexte de l’époque et se souvenir que la gamme était animée par la moderne Renault 5, on venait de lancer l’avant-gardiste 14 l’année précédente et on était en préparation du lancement de la 18, remplaçante de la 12, prévue pour début 1978. Donc, la probabilité de lancement d’une Renault 6 Savane était utopique. Mais avouez que ça aurait donné un coup de fouet à la 6 et rajeuni son image !
Pour vous rafraichir la mémoire, je vous propose des illustrations de notre sujet du jour dans sa configuration d’origine en phase 1. Proposée à partir de 1968, cette compacte était destinée aux propriétaires de Renault 4 qui aspiraient à monter en gamme, avoir un peu plus de place, de puissance et bénéficier d’un style plus attrayant. Ce dernier est d’ailleurs inspiré directement de la R16 mais il faut bien reconnaître que placer le dessin élancé de cette dernière sur un étroit châssis issu de la Renault 4 ne permet pas d’avoir des proportions aussi harmonieuses. Afin de marquer plus nettement la filiation, on va donc reproduire certains emboutis et traits de caractère de la grande sœur. Certains seront d’ailleurs repris ultérieurement sur les 12, 15 et 17. Je vous laisse découvrir ceux-ci sur l’illustration ci-dessous.

D’un point de vue mécanique, on va reprendre nombre d’éléments de la Renault 4 mais avec des puissance et cylindrée accrues : 845 contre 747 cm3 et 34 contre 27 ch. DIN. Ce qui, toutefois, n’en fera pas un foudre de guerre, imperfection d’ailleurs pointée du doigt à sa sortie par les journalistes ! Renault rectifiera le tir en 1970 en montant un moteur de 1108 cm 3 développant 45 ch. DIN combiné à des freins à disque, ceci corrigeant les deux principaux défauts de la 6 d’origine. Baptisée TL, cette version évoluée cohabitera avec la finition L qui conserve le moteur d’origine. C’est d’ailleurs les deux seules finitions disponibles en France tout au long de sa carrière et il y aura peu d’évolution sur ce modèle, le plus notable étant le restylage de 1974 avec sa calandre noire aux phares carrés, son pare-chocs avant rehaussé et ses feux arrière revus. D’autres marchés, tels que les Argentin, Colombien et Espagnol, sur lesquels la 6 sera plus populaire, seront plus gâtés et auront droit à une finition GTL mieux équipée et surtout pourvu d’un moteur culminant à 1397 cm3 d’environ 59 ch. DIN !



Alors échec commercial ou non ? Personnellement, j’ai bien connu la 6 dans la campagne Lorraine de mes grands-parents, sa polyvalence et sa praticité était bien appréciée des agriculteurs. Elle faisait donc partie de mon quotidien et laissait l’impression de connaître le succès, par-contre j’ai le sentiment (justifié ?) qu’elle était moins populaire en ville. Toujours est-il, que la production totale, tous pays confondus, est d’environ 1,75 millions d’unités dont presque 800.000 vendues en France. Ce qui n’est, ni un bilan fantastique, ni un échec commercial. Renault pensait qu’elle prendrait à termes la place de la Renault 4 mais cette dernière lui survivra jusqu’en 1992 alors que la 6 fut arrêté en 1980 en France et en 1986 sur les marchés cités ci-dessus. Aujourd’hui, elle est quasi oubliée et, même dans les concentrations d’anciennes, on en voit très peu.
Etes-vous intéressé par une des illustrations ci-dessus ?
Contactez-moi sur ce lien et je me ferai un plaisir de vous chiffrer un projet identique ou personnalisé à vos désirs.
Quand renault inove, c est un bide commercial, le design est tres souvent incompris ou a 100 lieu de ce que le client attend, ca ne fait jamais rever, exception de la twingo 1 ,pour le reste inovation = echec
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En effet, une telle version aurait été tout à fait crédible. D’ailleurs, je pense que la version Rancho était un peu la Renault 6 Rodéo. Même si elle s’inspirait aussi du concept de la Méhari.
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Les Rodéo 4 et 6 s’approchaient plus du concept de la Mehari que de la Rancho de mon point de vue, la bâche ne permettant pas un même usage que la Rancho bien fermée. Néanmoins, du fait de leurs moteurs plus puissants qu’une Mehari, elles tendaient effectivement plus vers la Rancho !…
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En voyant la photo, j’ai cru que c’était un de ces projets non mis en production mais fait par le bureau d’étude Renault.
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Merci Michel, je prends cela comme un compliment ! 🙂
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Encore un excellent article et tu parles de mon entreprise EDF GDF Bonne année
Christian HOLLAENDER
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Merci Christian, eh oui, petite référence à ta boite 😉 Bonne année à toi aussi
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joli projet le R 6 Rancho ça aurait pu etre realisable.
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Merci Patrick, effectivement, avec peu d’investissement, Renault aurait pu réaliser ce projet.
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