S’il est une voiture française connue dans le monde entier, c’est bien la DS, ceci avant tout grâce à son design révolutionnaire. Pour situer ce dernier, il faut se souvenir qu’elle remplace la Traction née avant-guerre et dont le design est bien sûr très ancré dans les années 30. Passer de cette dernière à la DS donne l’impression de sauter plusieurs générations. En 1955, on est certes déjà dans la mode des carrosseries dites « pontons », qui se caractérise par l’intégration des ailes dans la forme générale, mais traitée de manière très classique à l’instar de la Peugeot 403 (présentée au même salon de Paris), plus ronde à l’image de la Renault Fregate, ou encore baroque à l’image des ailerons de la Simca Vedette dans le plus pur style américain très en vogue à l’époque. On mesure ainsi le décalage de l’œuvre de Flaminio Bertoni par rapport à ses concurrentes et, visiblement, il a eu raison car la clientèle potentielle adhère fortement au produit et prend d’assaut le stand Citroën pour passer commande, allongeant rapidement les délais de livraison !
Mais la DS, ce n’est pas seulement un design, c’est aussi une technique d’avant-garde, le crédo de Citroën étant toujours de mettre l’accent sur ce poste. Le meilleur exemple est la Traction qui popularisera la transmission aux roues avant, la caisse monocoque intégrant le châssis et un poids réduit, cette combinaison faisant d’elles une des meilleures voitures de son temps en termes de tenue de route. La DS ne pouvait être en reste : avec elle, ce seront les freins à disque, la direction assistée et les suspensions hydrauliques qui vont être démocratisés sur un véhicule de grande série. Sa tenue de route, son grand confort, sa douceur, seront appréciés par les conducteurs. Le maître mot c’est l’hydraulique qui permettra cette douceur, Il fut même question de piloter les vitres latérales ouvrantes par ce biais, mais c’était complexifier inutilement ce poste. Malheureusement, il y a un revers de médaille : la DS étant mise un peu rapidement sur le marché alors que la technique n’était pas entièrement fiabilisée, les premiers propriétaires essuieront les plâtres en se retrouvant en rade, entre-autres, pour cause de fuites d’huile fréquentes. L’alimentation hydraulique étant centrale et interconnectée, le véhicule était irrémédiablement immobilisé ! Certains clients, trop fiers de leur achat et ne voulant pas reconnaître un mauvais choix, se gardaient bien de raconter leurs déboires. Citroën, conscient du problème, ne les laissait néanmoins pas tomber, car une équipe de choc sillonnait la France pour dépanner rapidement les DS en panne, tout en remontant les problèmes à l’usine afin de faire les corrections nécessaires. Ces actions vont évidemment réduire fortement les marges qui ne seront pas en adéquation avec ce que l’on attend généralement d’un haut de gamme. Malgré toutes ces péripéties, la DS va s’imposer comme figure majeure des années 60 et deviendra un véritable mythe : c’est la voiture des gens qui réussissent, ainsi les grands capitaines d’industrie, l’administration et les politiciens, avec en premier lieu le Général de Gaulle, vont l’adopter et apprécieront ses qualités. Le philosophe Roland Barthes lui consacrera un chapitre dans son livre « Mythologies », au cinéma elle fera de nombreuses apparitions : on se souvient tous de la DS volante de Fantomas, ou celle qu’emprunteront Depardieu et Dewaere à un bourgeois sous les yeux amusés de sa fille adolescente (Isabelle Huppert) dans les Valseuses. Même le cinéma américain lui fera hommage, ainsi on la retrouvera dans « Retour vers le Futur » sous la forme d’un taxi futuriste. Détail amusant, ce film est sorti au milieu des années 80, donc bien après l’arrêt de sa commercialisation !



La DS a connu deux vies : celle de 1955 avec ses deux phares ronds et celle du restylage de 1968 qui modernisera et magnifiera la ligne d’origine. Cet avant est tellement réussi qu’il relancera énergiquement les ventes et restera dans les mémoires. C’est celle que j’ai choisie pour illustrer mon article. Ces quatre phares sous glace intégreront deux feux directionnels liés mécaniquement à la direction et permettant ainsi d’éclairer les virages !



Je n’ai pas encore parlé de motorisation et il faut bien reconnaître que sur ce point, la DS pêchait par conservatisme. Il fut un temps question d’un six cylindres à plat, mais après des essais infructueux (manque de puissance), cette option fut abandonnée au profit du 4 cylindres modifié de la Traction. Avouez que la signature acoustique d’un « flat 6 » aurait eu de la gueule et aurait renforcé la légende de la DS, comparable à la Porsche 911 ! Au départ d’une cylindrée de 1911 cm3 (ID/DS19), le quatre cylindres évoluera en 1985 cm3 (DS20), puis 2175 cm3 (DS21), pour finir a 2347 cm3 (DS23) alimenté par injection électronique ! Après 20 ans d’existence et une production d’environ 1,3 millions d’exemplaires au Quai de Javel, la DS tirera sa révérence, laissant place à la CX. Elle restera à jamais un jalon automobile fort tant technique qu’esthétique, d’ailleurs, n’a-t-elle pas fait partie d’une exposition temporaire en 2022 au musée d’art moderne de New-York (Moma) ? Une belle reconnaissance !
Comme de coutume, je vous propose une petite modification sur la base de la DS, j’avoue qu’il est difficile de modifier ce véhicule tant il est spécifique, mais voilà une version sobrement sportive.



Etes-vous intéressé par une des illustrations ci-dessus ?
Contactez-moi sur ce lien et je me ferai un plaisir de vous chiffrer un projet identique ou personnalisé à vos désirs.
Bonjour,
Bel article dans lequel j’apprends que la DS aurait pû avoir un six cylindres à plat comme deux autres voitures mythiques : la Porsche 911 et la Chevrolet Corvair. Et qui me rappelle les longues virées dans la 23 Bleu Camargue de mon père.
Bravo pour vos illustrations de DS sportives avec le capot peint en noir mat comme sur les voitures de rallye et beaucoup de sportives de cette époque telles que les Opel GT/E ou la Fiat Abarth 124 Spyder. Et tout particulièrement pour y avoir intégré les phares « bi-iodes » à double-optiques et deux ampoules baptisés « Kangourous ».
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Bonjour, eh oui, ç’aurait été sympa un V6 sur la DS, la légende n’en serait que plus forte ! Les phares kangourous n’ont pas durés, avant eux, on rajoutait des longues-portées qui donnait une touche sportive à toutes les voitures qui en portait. Puis il y a eu ces doubles paraboles, vite remplacés par les ampoules H4 à double filaments. Merci pour votre sympathique message.
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Le restyling de 1967 particulièrement reussi et plus tard de petits détails comme les poignées de porte à palette ont réussi à magnifier la ligne jusqu à la fin de production au point oû moyennant des vitres électriques , un verrouillage centralisé, et une meilleure insono elle aurait encore pu continuer à faire carrière dans la 2nd moitié des années 70 en attendant les déclinaisons « hautes » de la CX qui ont bien traîné à arriver
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Au moment du passage de la DS à la CX, Citroën n’était financièrement pas au mieux de sa forme, il a fallu faire des arbitrages afin de limiter les pertes. Les versions hautes de la CX sont arrivées tard certes, mais conserver la DS dans le même temps aurait été compliqué pour la marque.
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Quel voiture je ne dirais rien d’autre
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Bonjour , étant propriétaire d une Ds 20 confort de 1969 brun Écorce. a chaque fois que je roule c est du bonheur .une auto qui a le mérite d’être recherché.
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Oui, j’imagine que rouler dans cette icône française doit être une expérience tout à fait particulière, surtout en comparaison des voitures d’aujourd’hui ! 🙂
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bien sympa ce coup d’oeil a la DS .
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Merci ! 🙂
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Bonsoir refaire la ds d origine
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Bravo, tout sujet bien présenté sur la DS est agréable à lire, je ne m’en lasse pas, intéressant la vision sportive, il est vrai qu’avec un flat 6 ce serait ? Flatteur 😁
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Merci, pour votre message, heureux que vous appréciez cet article ! 🙂 Le but commun étant effectivement de vous et de me faire plaisir !
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Bonjour vous avez oublié la ds dans un amour de sorcière avec Vanessa Paradis 😂
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Bonjour, en même temps, si j’avais voulu lister tous les films où la DS apparaît, mon article serait devenu une encyclopédie ! 🙂
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Bonsoir refaire la ds d origine
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Votre commentaire est très bon plus tard j aimerai m en acheter une mais je ne sais pas à qui m adresser pour du sérieux
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Merci pour votre commentaire, le mieux est sans doute de se rapprocher de clubs DS qui sauront vous orienter vers les bonnes personnes.
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Bonjour
Isabelle Huppert ne joue pas dans les Valseuses , je pense que c’est plutôt Miou Miou..
Sinon très bon article sur la DS qui est née le même jour que moi , d’où peut-être le culte que je lui voue !
Profitez bien de vos DS …
Pierre
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Bonjour Pierre, Le rôle principal est bien tenu par Miou-Miou mais vers la fin du film, Isabelle Huppert tient un petit rôle : c’est la fille du propriétaire de la DS volée !
Merci pour vos compliments 🙂
Vu les circonstances, on peut comprendre le culte !
Philippe
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Isabelle Huppert ( bien jeune) joue dans les Valseuses ce sont ses parents pic-niquant au bord de l eau vont se faire subtiliser leur DS vert argent par les 2 voyous ( Depardieu Devers ) Citroën aurait par ailleurs à l’époque peu apprécié de voir sa voiture associé à ce film !!!!
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Si,si….Isabelle huppert a bien jouée dans les valseuses, ainsi que Miou-Miou,d’ailleurs!,
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