Renault Supercinq Cabriolet et Belle-Île, quand les petits constructeurs font le boulot des grands

Lorsque l’on analyse la gamme Renault proposée entre 1950 et 2000, on constate qu’il n’y a quasiment pas de cabriolet. Les Frégate des années cinquante et Floride des années soixante font presque figure d’exception au milieu des autres carrosseries. Il faudra attendre 1991 avec la Renault 19 pour retrouver une configuration similaire. Certes, on peut citer l’Alliance, la 9 américaine, mais je la considère comme hors-jeu puisque non disponible en Europe. Pourquoi une telle politique ? Cela ne correspondait pas tout à fait à la philosophie de réalisme de la marque au losange, voulant avant tout proposer des véhicules à but utile, comme les fameuses 4 et 16 et leur hayon. Peut-être s’agissait-il plus prosaïquement d’une simple question comptable, mettant en relation de lourds investissements en regard de faibles volumes, et donc de faibles profits ? Toujours est-il que cela laisse la possibilité à de petits constructeurs de combler une lacune, tel le belge EBS (Ernest Berg Système). Ce dernier va imaginer une version cabriolet de la Supercinq, s’inspirant directement de la Volkswagen Golf et avant elle la Coccinelle. Je m’explique, il était plutôt d’usage de décliner un cabriolet à partir d’une deux portes à coffre proéminant, mais le constructeur allemand a démontré qu’il était tout à fait possible de réaliser ce type d’opération sur un véhicule plus compact. Peugeot, de son côté, n’hésitera pas à décliner ainsi sa petite 205.

EBS flairant une bonne opportunité, va exposer sa proposition au salon d’Amsterdam 1985 suscitant l’enthousiasme du public et de Georges Besse, patron de Renault à l’époque. Il sera même question d’une collaboration entre les deux acteurs, facilitée par le fait qu’une partie de la production des Supercinq était réalisée dans l’usine belge de Vilvorde.  Malheureusement, l’assassinat de Georges Besse va remettre les choses en question, car son successeur, Raymond Lévy, sera beaucoup moins réceptif au projet, et ceci d’autant moins, que les exemplaires de pré-série ne sont pas à la hauteur de la qualité requise par Renault.  Pour couronner le tout, l’arrêt du montage des Supercinq à Vilvorde courant 1987 signera l’arrêt de mort du projet de coopération.

Pas découragé pour autant, EBS décide de continuer seul l’aventure en modifiant des caisses finies, alors que le contrat avec Renault prévoyait de travailler sur des caisses semi-finies. L’opération, plus compliquée, est donc plus coûteuse pour le propriétaire qui désirait transformer sa Supercinq. On notera au passage qu’il n’existera pas de gamme précise de ce cabriolet, n’importe quelle version pouvant faire l’objet de la modification, que ce soit une Five d’entrée de gamme ou une GT Turbo. C’est la raison pour laquelle les illustrations que je vous propose ne correspondent pas forcément à une réalité tangible mais sont le fruit de mon imagination.

Selon le site www.supercinq.fr , il y eut 870 exemplaires modifiés par EBS entre 1987 et 1991, période de production du modèle, plus 5 exemplaires hors-série entre 1992 et 1996.

Autre dérivé découvrable de la Supercinq, La Belle-Île, proposée par le constructeur français Car Système, lequel cherchait à pérenniser son activité en anticipation de l’arrêt de sa JP4 (voir par ailleurs mon article sur le sujet). Cette fois ci, les modifications sont moins lourdes qu’avec la Renault 4, car il s’agira de proposer une sorte de pick-up de loisirs avec simplement la partie arrière découpée et remplacée par une capote. La voiture reste en quatre places et est agrémentée d’éléments propres à elle, tels les habillages latéraux. Comme pour l’EBS, pas de gamme strictement définie et ici aussi la personnalisation est possible.

On peut néanmoins résumer sa carrière à deux versions : celle proposée sous la période Car Système et celle sous Gruau. Cette dernière société, bien connue pour la modification de véhicules utilitaires à destination des administrations (ambulances, pompiers, etc…), va reprendre à son compte la production à la suite des difficultés financières de Car Système. La courte période de commercialisation s’étalera de 1989 à 1991 avec un peu plus de 700 exemplaires.

Les illustrations vous montrent : en version bleue, la première mouture proposée par Car-Système, en blanc, celle de Gruau. La verte étant une proposition qu’un client aurait pu demander. 

Les histoires chaotiques de ces deux Supercinq ne leur ont pas permis d’être de véritables « Success-stories », mais Renault ne serait-il pas passé à côté de quelque chose ? On ne le saura jamais…

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