Peugeot 306 XSI et S16, Les GTI s’embourgeoisent

L’année 2023 marque les quarante ans de la 205, mais elle consacre également l’anniversaire au chiffre rond d’une autre Peugeot qui a compté : la 306 qui a fêté ses trente ans en février. Aidée par la diversité des carrosseries proposées, berline 3, 4, 5 portes, break, cabriolet, elle s’est écoulée à environ 2,8 millions d’exemplaires, faisant d’elle, une des Peugeot les plus produites. Tout au long de ses neuf ans de carrière, sa riche gamme, sera proposée dans de nombreuses finitions et motorisations, dont le top est la 306 S16 qui nous intéresse ici.

Les versions de pointe XSI et S16

Afin de donner une descendance aux 205 et 309 GTI, Peugeot présente, dès l’automne 1993, deux versions de pointes XSI et S16. Elles se partagent le même moteur de 1998 cm3 : huit soupapes de 123 ch. pour la première et seize soupapes de 155 ch. pour la seconde. Autant le dire de suite, ces premières variantes auront du mal à faire oublier la tonicité de ses aïeules. La tendance étant de renforcer les structures des véhicules au nom de la sécurité, cela signifie une prise de poids non-négligeable (plus de 190 kg entre une 309 GTI une 306 XSI !), qui, combinée avec des puissances inférieures, donnent un résultat sans appel : tant sur le 0 à 100 qu’aux 1000 mètres départ arrêté, la 306 S16 est deux secondes derrière la 309 GTI16 ! Très grosse déception de la part des essayeurs automobiles. Concernant la version XSI, L’Auto-Journal qualifiera ses performances de « quelconques », seules les reprises trouveront grâce à leurs yeux, car meilleures que la S16, un comble ! Mais il faut bien reconnaître que nous assistons, à cette époque, à une mutation des sportives : exit les pures et dures, place aux bourgeoises plus confortables et plus facile à vivre au quotidien. Idem pour la tenue de route plus civilisée, moins piégeuse à la limite, mais non-moins efficace, car la 306 hérite du train arrière auto-directionnel de la Citroën ZX. Sur ce point, elle fera l’unanimité et deviendra une véritable référence.

Malgré ces critiques sur les performances, les 306 sportives ne manquent pas de qualités : l’équilibre entre confort et tenue de route est bluffant par exemple. Toutefois, piquée au vif, la marque au lion va répondre à celles-ci et faire évoluer sa S16 : en 1996, grâce à une puissance réévaluée à 167 ch. et l’adoption d’une boite à 6 vitesses parfaitement étagée, ses performances vont faire un bond en avant et retrouver le niveau de la 309 GTI16. Soit, 7,3 s pour le 0 à 100 km/h et 28,7 s pour les 1000 mètres départ arrêté. Peugeot peut à nouveau se targuer d’avoir une référence sportive dans sa gamme !

Dès l’année suivante, opération chirurgie esthétique avec une face avant fortement remodelée et d’autres petites modifications de style, présentation et équipements. Pas de changement mécanique pour la S16. Par-contre, la finition XSI gagne une culasse à 16 soupapes et quelques précieux petits chevaux en grimpant à 135 ch. Au millésime 1999, on pourra acquérir une S16 pour 13.000 francs de moins (136.000 FF au lieu de 159.000 FF) grâce au « Pack confort » appauvri par rapport à l’origine désormais nommé « Pack premium ». On peut citer au passage une version Rallye réservée à l’Angleterre justement basée sur le « Pack confort »

La fin de carrière des deux versions sportives est actée en 2000.

Le style de la 306

Je me souviens qu’à l’époque de son lancement, le style de la 306 était jugé peu innovant car simple évolution de la 205. Avec le recul des années, je trouve au contraire que celui-ci, aux formes équilibrées, est devenu un classique qui a très bien passé les années, que ce soit en phase une ou deux. Ses ailes avant et arrière discrètement gonflées, surtout notable sur les 3 portes, apportent une touche d’agressivité et donnent de l’assise au véhicule. D’ailleurs, visibles encore de nos jours sur nos routes, elle ne choque pas du tout au milieu des voitures modernes. Peugeot était donc bien inspiré à ce moment-là et, personnellement, je préfère ce style à celui plus lourd de la toute première 308 dont je doute qu’il passe aussi bien les années !

Afin d’étayer mon propos sur l’assise de la 306, il suffit de lui greffer des jantes larges et de grand diamètre, le tout combiné à une suspension rabaissée. Le résultat « matche » très bien, non ?

La 306 et moi

Travaillant un temps dans l’industrie automobile, j’ai eu le plaisir de découvrir la 306 dans l’usine de Poissy avant sa commercialisation et je dois reconnaître qu’il n’y a pas eu d’effet waouh, mais ses lignes équilibrées me plaisaient néanmoins. De plus, et au premier abord, je n’étais pas fan du tableau de bord, lui reprochant de ne pas intégrer une console centrale descendant jusqu’entre les sièges avant. Mais à l’usage, il s’avère bien réalisé, ergonomique et plutôt bien fini. Car oui, j’ai possédé une 306, ma première voiture de fonction. Evidemment il ne s’agissait pas d’une S16 mais plus simplement d’une D Turbo 3 portes au look proche des variantes sportives citées ci-dessus. Un jour de 1994, mon boss, craignant de me voir partir (il avait du nez soit-dit en passant !), m’a proposé une augmentation indirecte de salaire par le biais de cette voiture. En fait, il me laissait le choix entre trois véhicules, tous en turbo-diesel : la Citroën ZX, la Renault 19 et la Peugeot 306 plus récente. D’emblée, j’ai éliminé la 19 car les finitions proposées n’étaient pas assez sportives à mon goût. La ZX dans sa version Volcane, joliment présentée, était une option envisageable. Mais il faut bien avouer que des trois, c’est bien la 306 que je préférais. Je l’ai choisie dans la très sympathique livrée Bleu Miami métallisée qui lui donnait une touche sportive. Sortant d’une 205 GTI 115 qui aimait monter dans les tours, j’ai conservé cette habitude, mais le D Turbo m’a vite remis à ma place !

Lors des premiers kilomètres, j’appuie fermement sur l’accélérateur mais il ne se passe rien sous 2000 tr/mn, puis passé ce cap, le turbo se met en route et propulse subitement le véhicule en avant, waouh, super sympa ! Mais… je déchante très vite, car à 4500 tr/mn, tout est fini… le moteur régule… je dois donc rapidement passer au rapport supérieur afin de rester dans la plage des 2000/4000 tr/mn. Ainsi, j’ai dû adapter ma conduite et opter de conduire « sur le couple », qui est moins spectaculaire mais assez efficace si on veut avancer vite et en souplesse. J’ai parcouru environ 80.000 kilomètres en l’espace d’un an et demi avec cette 306 qui me laisse de bons souvenirs : une tenue de route efficace, un bon confort, de l’espace suffisant dans l’habitacle. Elle donnait envie d’en avoir plus sous le pied, comme une S16 finalement !…

En quittant cette société, j’ai dû laisser ma 306 que j’ai vite regrettée, car mon nouvel employeur m’a octroyé une VW Passat B4 Break essence de 90 ch. Sans aucun doute, la voiture la moins excitante qui a fait partie de mon quotidien. Heureusement, les choses se sont bien arrangées par la suite !…

Etes-vous intéressé par une des illustrations ci-dessus ?

Contactez-moi sur ce lien et je me ferai un plaisir de vous chiffrer un projet identique ou personnalisé à vos désirs.

2 réponses à « Peugeot 306 XSI et S16, Les GTI s’embourgeoisent »

  1. Comme à son habitude, Phil nous enchante d’un article bien écrit, fouillé et documenté à souhait.
    Les illustrations sont, comme toujours, d’un très haut niveau et viennent réellement compléter les textes.
    En constatant la qualité de ses recherches et le souci du détail, je me prends à rêver d’un article détaillant les Ford Taunus TC1 ou sur les Ford Capri MK1, deux sujets de choix tant les versions et finitions étaient nombreuses…
    Bravo encore pour ce travail remarquable.
    Coxypac

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    1. Merci beaucoup pour ce sympathique message :-). Effectivement les Capri MK1 et Taunus TC1 feraient de bons candidats à un article de par leurs nombreuses versions. D’autant plus que ce sont des modèles dont j’apprécie le design. Par ailleurs, la Capri RS est devenue une légende. A y réfléchir !…

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