Car Système JP4, le petit véhicule de loisir né par accident

Ils s’appellent Patrick Faucher et Gérald Maillard, passionnés, ils s’improvisent constructeurs automobile amateurs en modifiant pour l’un, une Renault 4, pour l’autre une Renault 6. Mais on ne parle pas de simple tuning comme il était d’usage à l’époque (nous sommes au tournant des années 70/80), avec rajout de spoiler, becquet et jantes alu. Non, les deux compères ont imaginé de profondes modifications faisant de leur monture des véhicules de loisir au look baroudeur dans l’esprit buggy. Bien que non-homologuées par le service des mines, ils prennent le risque de circuler sur voie publique avec leurs créations et, surprise, vont faire l’objet de nombreuses réactions positives ! Ceci les interpellant, ils finissent par se poser la question : “ne tient-on pas une idée que l’on devrait commercialiser ?”. Osant franchir le pas, ils vont créer, en 1981, la société CAR Système basée en Bretagne à Redon. L’acronyme CAR signifie « Construction Automobile Redonnaise » mais joue également avec le mot anglais qui désigne une voiture. 

Le choix du véhicule se porte sur la Renault 4 qu’ils connaissent bien et qui, malgré ses presque vingt ans, est toujours populaire. De plus, sa conception simple permet des modifications aisées à réaliser et enfin, le parc automobile français, bien pourvu en Renault 4, laisse supposer un potentiel marché. Car effectivement, l’idée de départ n’est pas de partir de caisses neuves mais bien de véhicules d’occasion qui vont ainsi retrouver une seconde jeunesse. Ils vont toutefois se limiter aux versions post 1968.

La transformation est assez spectaculaire : le châssis est raccourci de 27 cm, perdant ainsi ses places arrière. Le toit et les vitrages latéraux sont supprimés, remplacés par une capote en toile et un arceau, assurant la rigidité de l’ensemble. Le tableau de bord est conservé ainsi que toute la mécanique de base d’une Renault 4. La garde au sol rehaussée ainsi que des pneus plus gros laissent supposer de meilleures aptitudes en franchissement d’obstacles, mais il n’en est rien car le but n’est pas de la transformer en 4×4, sauf si vous confiez votre 4 “Sinpar” aux deux compères. Le tout est habillé d’élargisseurs d’ailes et de protections latérales.

En fait, bien qu’il y ait une idée de base, la définition du véhicule n’est pas précisément définie, chaque client pouvant faire sa JP4 à la carte. On peut donc conserver la calandre d’origine au lieu d’opter pour celle à barreaux verticaux proposée par Car Système. De même pour les jantes, vous pouviez très bien reprendre les fameuses Fergat en lieu et place des Delta-Mics connotés tous-terrains. Idem pour les sièges, la peinture et la décoration de votre exemplaire. Ainsi, au gré des goûts de chaque client, rares sont les JP4 identiques. 

L’affaire prend son envol et les commandes rentrent, mais, malgré les quelques 15.000 FF qu’il faut débourser pour la transformation, la rentabilité n’est pas forcément assurée, un premier dépôt de bilan est acté en 1983. Gérald Maillard, échaudé, quitte l’aventure mais Patrick Faucher insiste et continue grâce à l’appui de nouveaux investisseurs qu’il aura ardemment cherchés. Malgré cette relance, la société doit faire face à un nouveau dépôt de bilan à peine un an plus tard en 1984.

Cette fois-ci ce sont les salariés eux-mêmes qui vont relancer la société sous forme de coopérative en investissant leurs primes de licenciement ! Un nouveau patron en la personne de Yves Rousteau va désormais prendre les rênes de la société, rebaptisée Car Système Style pour l’occasion. Ses qualités de technicien et son dynamisme vont donner un nouveau souffle : on va structurer une gamme en proposant, notamment les finitions “Noeud pap”, Belle-île” et “Be-bop » se différenciant par leur présentation et équipements spécifiques.

Par ailleurs, Renault Italie montre un intérêt pour cette drôle de voiture en passant commande de 600 exemplaires, baptisée “Frog” sur ce marché. Afin d’honorer celle-ci, il faut faire une demande d’homologation au niveau européen, obtenue en 1985. Renault France va également reconnaître l’existence de la JP4 et la diffusera à partir de 1986 dans son réseau. Désormais, il ne s’agit plus de modifier des R4 d’occasion mais bien de transformer des caisses neuves fournies par Renault ! Tout semble donc repartir sur de bonnes bases mais, les commandes ne sont pas suffisantes afin d’assurer la pérennité de l’entreprise, les tarifs élevés expliquant en partie cela. La société est à nouveau en difficulté mais ne baisse pas les bras pour autant. Sachant la Renault 4 en fin de vie, on va étudier un nouveau concept sur la base de la Supercinq, la 5 Belle-Île. Malheureusement Car Système Style n’ira pas plus loin : les actifs seront repris par Gruau en 1989 qui va assurer la production et la vente des JP4 et 5 Belle-Île jusqu’en 1991. 

On estime une production située entre 1500 et 2000 exemplaires sur les 10 ans qu’a durée l’aventure… qui a démarrée avec un accident ! Eh oui, un conducteur grillant un feu rouge, mettra la Renault 4 personnelle de Patrick Faucher sur le toit  ! Pas découragé pour autant, il décide de la sauver en la modifiant comme décrit ci-avant, sans présumer un instant de la suite des évènements  ! 

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