Simca 1307/1308/1309 – Talbot 1510/Solara, un départ en fanfare, une arrivée bien triste

Des débuts sur les chapeaux de roues

La présentation de la Simca 1307/1308 durant l’été 1975 va souffler un air de fraîcheur sur la catégorie traditionnellement conservatrice des 7 CV. Avant tout grâce à son style équilibré, à sa face avant inclinée négativement et par le choix du hayon qui, outre l’aspect pratique, insufflera un petit côté sportif. Mais la touche de modernité incontestable, ce sont ses pare-chocs bouclier en polyester, inédits dans la catégorie, car seule la citadine Renault 5 l’aura précédé. Pour mesurer la distance prise par rapport à la concurrence, il faut se souvenir que celle-ci est constituée, sur le marché français, des Citroën GS, Peugeot 304 et Renault 12, toutes âgées d’au moins cinq ans et encore équipées des pare-chocs chromés. Dans la gamme Simca même, elle démode le style des 1000, 1100, 160/180 et évidemment des 1301/1501 qu’elle remplace. C’est le bureau de style anglais basé à Whitley qui sera à l’origine de ce joli dessin alors que tout le développement technique est assuré par le bureau d’étude français de Carrière sous Poissy. Les ingénieurs vont reprendre la base technique de la 1100, toujours d’actualité avec ses quatre roues indépendantes et sa traction avant, mais adaptée à un véhicule de plus grande taille. Idem pour les motorisations qui seront déclinées en trois versions : 1294 cm3, 68 ch. (1307 GLS), 1294 cm3, 82 ch. (1307 S) et 1442 cm3, 85 ch. (1308 GT). Les premiers essais réalisés par la presse automobile seront unanimes pour reconnaître les qualités de cette nouvelle Simca : tenue de route, confort, habitabilité, performances au niveau, consommation mesurée, praticité, autant de cases cochées positivement et qui combleront les journalistes. D’ailleurs, ces derniers l’éliront voiture de l’année 1976, devant la BMW série 3 (E21) et la Renault 30. Les clients potentiels, réceptifs aux comptes-rendus des magazines automobile, seront au rendez-vous dans les concessions pour le lancement commercial mi-septembre, avec à la clé, de très nombreuses commandes dépassant les prévisions et allongeant les délais de livraison. Oui, la Simca 1307/1308 connais, d’entrée de jeu, un réel succès et au bout de six mois, 100.000 exemplaires auront été produits avec une cadence de 1100 véhicules/jour.

La gamme reste quasi-inchangée jusqu’à l’été 1978 ou la 1309 SX va coiffer la gamme, cette dernière se distingue par l’adoption d’une boîte automatique et d’un encore très rare régulateur de vitesse, héritage de la maison mère américaine. Afin de compenser la perte de rendement due au convertisseur de couple, le moteur sera réévalué à 1592 cm3 et 88 ch.

En 1979, nouveau sacre pour Simca avec l’Horizon qui entre dans le club fermé des « voitures de l’année ». A cette occasion, est proposée la série « Jubilé » sur plusieurs modèles de la gamme, dont la 1308 qui se distingue par une carrosserie bicolore, des jantes alu « Pedrini » et un équipement enrichi. Cette présentation chic donne une touche haut de gamme.

Nouvelles versions 1510 et Solara

Mais les nuages commencent à s’accumuler sur la 1307/08/09 : la crise pétrolière de 1979 et l’apparition de l’Horizon trop proche en termes de taille et prestations pour un coût moindre, ralentissent les ventes. Par ailleurs, le groupe PSA rachète tous les actifs européens de Chrysler et décide de rebaptiser la marque du nom de Talbot, jetant un trouble sur son image. On essaie de rattraper le coup en appuyant ce changement par un nouveau véhicule, mais qui se limite hélas à un restylage, faute de véritable nouveauté disponible dans les cartons. Il s’agit de la 1510 dont le nom de baptême suggère une montée en gamme, ceci appuyée par des pare-chocs plus imposants, des feux arrière plus épais et une face avant inclinée positivement, permettant à la fois, un gain en CX et d’insuffler un air de famille avec l’Horizon. A l’intérieur les garnissages et le tableau de bord sont remis à jour. La gamme est similaire aux 1307/08/09 soit : 1294 cm3, 68 ch. DIN (LS), 1442 cm3, 85 ch. DIN (GL et GLS) et 1592 cm3, 88 ch. DIN (SX). Les qualités intrinsèques du modèle sont évidemment maintenues et la 1510 dispose des meilleurs atouts pour résister à la concurrence.

Au mois d’avril 1980, Talbot élargi sa gamme avec une nouvelle berline dont le but est, encore une fois, de monter en gamme mais aussi de concurrencer les Peugeot 305 et Renault 18 bien installées sur leur marché. Prévue pour être baptisée 1620, la marque va prendre le parti de nommer désormais tous ses modèles par un nom, en l’occurrence ici Solara, mettant fin à la nomenclature à chiffres, combinaison de la cylindrée et des chevaux fiscaux, pas toujours respectée d’ailleurs. Pour exemple, la 1308 GT aurait dû être nommée 1408 et la 1309 SX, 1609. Revenons à la Solara qui bénéficie, comme la 1510, d’une ligne réussie et l’effet « haut de gamme », grâce à sa présentation générale et ses équipements, est bien présent. Les finitions sont identiques à la 1510 mais la distribution des moteurs est un peu différente : exit le 1294 cm3, seuls les 1442 cm3 (LS en 70 ch., GL en 85 ch.) et 1592 cm3 (GLS, SX en 88ch.) sont disponibles, prouvant par-là, la volonté de placer la Solara un poil au-dessus de la 1510.

Malheureusement, ces deux nouveautés ne permettront pas de ralentir la chute incessante des ventes, la situation est critique au niveau des finances et il faut économiser partout où cela est possible. A la surprise générale, il est décidé, fin 1980, d’unifier les réseaux commerciaux des marques Peugeot et Talbot ! De nombreux points de ventes, libérés de Talbot, vont passer à la concurrence faisant le bonheur des marques étrangères tels que Ford et Volkswagen par exemple. De plus, la proportion de garages Peugeot intégrant Talbot et plus importante que l’inverse. Ainsi, les vendeurs, habitués à leurs produits, favorisent la marque au lion au détriment d’un label autrefois concurrent. Décision funeste qui ne va pas du tout arranger les ventes. Malgré cela, Talbot fait vivre son couple 1510/Solara tant bien que mal par le biais, entre-autres, de séries spéciales comme les 1510 Executive et Solara Pullmann. En 1982, les deux gammes sont totalement unifiées tant au niveau des finitions et équipements qu’au niveau des motorisations, mettant ainsi fin à la différenciation entre 1510 et Solara. Désormais, le client aura, pour une finition et un moteur donné, le choix entre deux carrosseries. Cette unification bénéficie bien sûr aux coûts de revient. Mais dès 1983, exit la 1510, qui subsiste toutefois sur certains marchés étrangers. La Solara, elle, continue sa carrière jusqu’en 1986 avec diverses évolutions dont un petit restylage en 1984 : la calandre est désormais peinte couleur carrosserie, de même que les bas des pare-chocs et tous les chromes, passés de mode, sont remplacés par des éléments noirs. Elle s’efface sur la pointe des pieds dans l’indifférence quasi générale, il n’y aura jamais de remplaçante. Un épilogue bien triste et en fort contraste avec les débuts flamboyants, dix ans auparavant.

Version sportive en petit bonus

Parmi les projets étudiés pour la Simca 1307/1308, figurait une version codifiée « blazer ». Elle se distinguait par une apparence sportive : jantes alus « Pedrini », bas de caisse, pare-chocs et tous les chromes traités en teinte noire. Elle n’a finalement jamais été proposée en France, mais a fait l’objet d’une série spéciale « Swing » pour les marchés allemand et hollandais. La version ci-dessous s’inspire largement de cette dernière avec toutefois des jantes modifiées et une assiette rabaissée donnant plus d’agressivité à la brave 1307.    

Etes-vous intéressé par une des illustrations ci-dessus ?

Contactez-moi sur ce lien et je me ferai un plaisir de vous chiffrer un projet identique ou personnalisé à vos désirs.

3 réponses à « Simca 1307/1308/1309 – Talbot 1510/Solara, un départ en fanfare, une arrivée bien triste »

  1. Avatar de
    Anonyme

    Bonjour Philippe,

    Mon désarroi ! Faut peut être pas exagérer, moi je dirais plutôt ma déception à savoir que SIMCA n’existe plus, mais que voulez-vous qu’on y fasse ! Moi je dirais plus largement que la France est en train de se faire bouffer, probablement parce que trop performante pendant des décennies. N’oublions pas que dans les années 60 nous étions au top à tous points de vue. En industrie, Citroën nous sortait une voiture hors du commun qui était la DS 19, le TGV tout comme le Concorde étaient déjà en projet, le paquebot France le plus prestigieux du monde, notre premier sous marin nucléaire le Redoutable, des pièces de 5 francs en argent, à tout cela s’ajoutait nos performances en sport : Jean-Claude Killy, les soeurs Goatchell, Alain Calmat, jacques Anquetil, Raymond Poulidor, Raymond Kopa, Just Fontaine, Michel Jazy, Éric Tabarly, etc . . . Sans oublier nos artistes de la chanson : Montand, Brassens, Bécaud, Trenet, Brel, Laforêt, Aznavour, Barbara, Ferrat, Macias, Hardy, Barrière, Moustaki, Adamo, Lama, Aufray, Gainsbourg, Nougaro, Perret ou dans un autre style Johnny, Sylvie, Eddy, Cloclo, Sheila, France Gall etc, etc . . . Et puis au cinéma, notre icône Brigitte Bardot, mais aussi Gabin, Belmondo, Huppert, Moreau, Signoret, Ventura, Girardot, Bourvil, et notre télévision avec des émissions et des feuilletons passionnants. Des speaakrines et des présentateurs comme Robert Chapatte, Roger Couderc, Catherine Langeais, Guy Lux, Léon Zitrone, Pierre Bellemard, Pierre Tchernia, Bernard Pivot, Jacques Chancel, Jacueline Huet,, et bien d’autres. Que ce soit en industrie, en agriculture, en mode, en cinéma, en sport, en aviation, en littérature, en télévision, en monnaie et Même en politique, qu’on soit pour ou contre, un Président hors du commun Charles de Gaulle. Bref ! On était bon en tout.

    Difficile de se dire à que notre France, une des première puissance mondiale, soit tombée à ce point en désuétude. Ça cache sûrement quelque chose.

    Salutations,

    Yvon

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  2. Avatar de
    Anonyme

    Bonjour,

    Mon commentaire concerne SIMCA en général, l’une des marques françaises des plus prestigieuse. Ne pas oublier que c’est une SIMCA qui fut la voiture Présidentielle du Général de Gaulle.

    Comment une aussi grande marque de voitures à pu disparaître ? Je préfère oublier son déclin car ça me révolte de me dire que des marques d’un si haut niveau n’est pas pu s’affirmer sur le marché automobile. Monsieur Pigozzi doit se retourner dans sa tombe. En France, nous avions donc SIMCA, mais aussi Panhard, Facel Véga, Bugatti, et bien d’autres, aujourd’hui nous n’avons plus que Renault, Citroën et Peugeot alors qu’en Allemagne : Porche, Audi, Mercédès, Volkswagen, BMW, Opel en Italie Lamborguini, Fiat, Lancia, Ferrari, Autobianki, Masératti . . . Triste France !

    Yvon.

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    1. Bonjour Yvon, Je comprend votre désarroi pour un tel constat mais ceci s’explique, entre-autres, par les politiques menées dans ces différents pays. Les différents gouvernements Français ont toujours eu un rapport ambigu avec l’automobile, on a souvent tapé sur ce secteur alors qu’il était un des plus gros employeur. En Allemagne, au contraire, on a plus défendu cette industrie. Un exemple, la vignette des plus de 15 CV qui soit-disant protégeait notre marché des véhicules haut de gamme étrangers, ne motivait pas nos constructeurs à investir dans ce type de véhicule. En Allemagne, l’approche était totalement différente et de plus, appuyée par la vitesse libre sur autoroute. Aujourd’hui cependant, la nationalité des marques est diluée dans des groupes rassemblant plusieurs marques dont l’identité est lissée. Ainsi, certaines Opel et Fiat reprennent les bases techniques Peugeot par exemple. Philippe

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