Peugeot 604 V8: A Missed Opportunity Due to French Caution
FR – Dans le contexte des crises pétrolières des années 1970, le monde automobile a été fortement bouleversé. Les compétitions furent temporairement interdites, des restrictions de circulation mises en place, et la chasse au gaspillage énergétique s’est imposée. Les véhicules les plus gourmands ont vu leurs ventes chuter, et plus largement, c’est tout le marché qui a vacillé. Les constructeurs, échaudés, sont devenus frileux lorsqu’il s’agissait d’investir dans des projets incertains. C’est dans ce climat que s’inscrit notre histoire.
En 1971, par le biais de leur société commune « Française de Mécanique », Peugeot, Renault et Volvo ont lancé le développement d’un tout nouveau moteur. L’objectif ? Permettre à Peugeot et Renault de remonter dans le haut de gamme, et à Volvo de renforcer sa position. Ce projet, baptisé ZO, visait la création d’un moteur V8, décliné également en version V6 sous le nom de code ZM.
Le célèbre V6 PRV est ainsi, à l’origine, un V8 amputé. D’où son angle de 90° entre les bancs de cylindres, typique des V8 mais inadapté à un V6. Ce choix technique provoquait une irrégularité dans le cycle d’explosion : là où un V8 bénéficie d’une combustion régulière tous les 90°, ce V6 alternait entre 90° et 150°, entraînant des vibrations et une moindre souplesse. L’angle idéal pour un V6 est de 60°, assurant des explosions régulières toutes les 120°.
Pour tenter de compenser, le PRV fut équipé d’un volant moteur plus lourd, atténuant les à-coups mais au prix d’une inertie accrue et d’un régime moteur moins vif. Résultat : une consommation supérieure à celle de ses concurrents. Ce n’est que plusieurs années plus tard, avec l’apparition d’un vilebrequin à manetons décalés (notamment sur la Renault 25), que le cycle du V6 PRV fut enfin régularisé.
À l’origine, pourtant, c’est bien la version V8 qui était prioritaire. Mais les crises pétrolières ont refroidi les ardeurs des décideurs, qui ont préféré sabrer le projet et se contenter du V6. Revenir sur l’architecture initiale aurait coûté trop cher. Ce choix technique aura marqué durablement l’image de ce moteur.
Imaginons un instant que la Peugeot 604 ait reçu ce fameux V8. À l’image des constructeurs allemands, qui malgré la crise ont continué à investir dans des motorisations ambitieuses — aidés, il est vrai, par leurs autoroutes à vitesse libre — Peugeot aurait pu, lui aussi, entrer dans la cour des grands.
Voici donc trois variantes de la 604 V8 que je vous propose aujourd’hui :
EN – In the wake of the oil crises of the 1970s, the automotive world was turned upside down. Motorsport events were temporarily banned, driving restrictions were imposed, and energy conservation became a top priority. Gas-guzzling cars saw sales plummet, and the entire industry entered a period of deep uncertainty. Manufacturers, wary of risky investments, became increasingly conservative. It is within this context that our story unfolds.
In 1971, through their joint venture « Française de Mécanique, » Peugeot, Renault, and Volvo began developing a brand-new engine. The goal? To help Peugeot and Renault move upmarket, and to strengthen Volvo’s position in the premium segment. The project, codenamed ZO, aimed to create a V8 engine, which would also be offered as a V6 variant under the name ZM.
The now-famous PRV V6 was, in fact, originally designed as a V8 with two cylinders lopped off. This explains the 90° angle between the cylinder banks—perfectly suited for a V8, but far from ideal for a V6. This configuration led to irregular combustion timing: whereas a V8 fires smoothly every 90°, the early PRV V6 alternated between 90° and 150°, resulting in vibrations and a lack of refinement. A 60° angle is typically preferred for V6 engines, ensuring even firing intervals every 120°.
To mitigate this flaw, the PRV V6 was fitted with a heavier flywheel to smooth out the power delivery. While this helped reduce vibrations, it also increased rotational inertia, making the engine less responsive and more fuel-hungry compared to its rivals. It wasn’t until years later, with the introduction of a split-pin crankshaft (notably in the Renault 25), that the firing order of the PRV V6 was finally regularized.
Originally, however, it was the V8 version that was meant to take center stage. But the oil shocks and changing market trends forced decision-makers to backpedal. The V8 was shelved, and the V6 became the default option. Redesigning the engine from scratch to better suit a V6 layout was deemed too expensive. That compromise would go on to define the PRV’s legacy.
Now imagine for a moment that the Peugeot 604 had actually received the V8 it was meant to have. Much like German automakers—who kept developing ambitious engines despite the crisis, helped in part by their unrestricted Autobahns—Peugeot could have made a bold move into the luxury segment.
I’ve envisioned three hypothetical versions of the 604 V8:
FR – Finition luxe pour le marché Européen
EN – A luxury trim for the European market



FR – Finition sport, avec des appendices aérodynamiques typiques des années 1980.
EN – A sporty variant with period-correct aerodynamic details



FR – Finition luxe à destination du marché américain. Cette dernière est ma propre interprétation de ce qu’aurait pu être une 604 adaptée aux goûts américains : calandre chromée, phares carrés (conformes aux normes en vigueur aux États-Unis), et design plus opulent.
EN – A luxury export version tailored for the U.S. market. My interpretation of the American version includes a chrome grille, square headlights (in line with U.S. regulations at the time), and a more opulent design overall.



FR – En extrapolant les caractéristiques du V6 PRV, le V8 aurait affiché une cylindrée d’environ 3 552 cm³ pour une puissance de 190 ch. Avec l’évolution naturelle du bloc, on aurait pu atteindre les 3,8 litres et une puissance comprise entre 250 et 270 ch — de quoi rivaliser avec les meilleures routières allemandes de l’époque.
Maintenant, imaginez une 604 avec un bruit de moteur V8 capable de passer allégrement la barre des 200 km/h, c’eut été sympa, non ?
EN – Based on the PRV V6’s characteristics, the V8 would likely have had a displacement of around 3,552 cm³ and produced roughly 190 horsepower. With natural development, it could have reached 3.8 liters and 250–270 hp—enough to compete with the finest German sedans of the era.
Now, imagine a 604 with the sound of a V8 engine capable of blithely passing the 200 km/h mark, wouldn’t that have been nice?

Laisser un commentaire