Citroën CM, le projet de coupé « low cost » pour sauver la SM

Connaissez-vous la page Facebook CDA (Car Design Archive) ? Si vous vous intéressez à l’histoire du design automobile des soixante dernières années, foncez-y, car vous retrouverez de nombreuses archives, souvent inédites sur le sujet. Pourquoi je vous en parle ? Tout simplement parce qu’il est à l’origine de l’article que je vous propose aujourd’hui. En voyant le visuel de ce projet de SM, j’ai eu envie de le réaliser dans mon style.

Nous sommes en 1975 et les ventes de la Citroën SM sont en pleine déconfiture, la crise pétrolière étant passée par là, mais pas seulement, les soucis de fiabilité des débuts de carrière ayant échaudés les clients. Sur ces faits, Citroën décide purement et simplement d’arrêter les frais et stoppe la commercialisation de son coupé haut de gamme. Ce qui ne fait pas les affaires du petit constructeur Ligier auquel Citroën avait confié le montage de la SM depuis novembre 1974. D’autant plus qu’il lui reste un nombre assez conséquent de caisses en stock sur les bras.

C’est à ce moment-là que la société Heuliez entre en jeu : elle va étudier une SM « low cost » en adaptant ces fameuses caisses sur le châssis existant de la CX, donc en reprenant également toute la mécanique, y compris les moteurs 4 cylindres. C’est le patron du bureau de style Heuliez, Yves Dubernard, qui va imaginer ce nouveau modèle qui se différenciera de la SM originelle par une face avant plus simple et ayant un air de famille avec la CX.

Le dessin originel du projet (source : Car Design Archives)

Ligier espérait séduire Citroën en mettant en avant des coûts de production plus bas et donc proposer un véhicule plus abordable, susceptible de relancer le modèle avec en corollaire, la possibilité d’élargir la clientèle tout en rivalisant avec les coupés populaires de l’époque (Ford Capri, Opel Manta, Renault 17 et autres). Malheureusement, la marque aux chevrons ne sera pas réceptive au projet et campera sur sa décision initiale.

Pour ma part, à partir du dessin d’Yves Dubernard, j’ai imaginé deux déclinaisons : une classique avec les pare-chocs chromés et une version haut de gamme GTI aux pare-chocs peints, les deux se calquant sur l’esprit de la CX. En observant le dessin initial, on peut constater que la partie avant est rapportée sur la caisse existante afin de conserver au maximum les tôles d’origine (l’annotation au bas du dessin confirme ce point). Je n’ai pas tout à fait respecté cette contrainte sur mes illustrations, car le capot et les ailes disposent d’emboutis spécifiques.

Quant au nom de baptême « CM », qui n’apparaît nulle part dans les archives de CDA, je l’ai moi-même imaginé dans une logique qui devait faire référence à la fois aux dénominations CX et SM.  

Certaines personnes regretteront sans doute la simplification du design originel et la flamboyance des six feux. Elles évoqueront peut-être même une forme de sacrilège, mais, pourquoi-pas après tout ? Nécessité faisant loi dans certains cas. Est-ce que cette version low-cost aurait-elle rencontrée le succès ? On ne le saura bien sûr jamais.

Et vous, que pensez-vous de cette idée ?

Pour la page Facebook de CDA, c’est par ici : https://www.facebook.com/cardesignarchives

6 réponses à « Citroën CM, le projet de coupé « low cost » pour sauver la SM »

  1. Avatar de
    Anonyme

    L’histoire est sympathique mais les événements ne se sont pas du tout passés comme cela. A l’origine ce n’est pas la demande de la Sm qui chute, c’est l’offre.

    Avec l’inauguration de l’usine d’Aulnay au printemps 1973, Citroen peut déclencher la phase finale du déménagement de Javel commencé en 1967. Il faut donc déménager entre autres, la ligne d’assemblage des Ds/Sm.

    A cette occasion (et suite au départ de Fiat) l’organisation de la gamme Sm est totalement remaniée. A partir de septembre 1973 la production à Javel est progressivement stoppée, la responsabilité technique de la gamme Sm est transférée chez Maserati et l’assemblage est transféré chez Ligier après prise de contrôle majoritaire de l’entreprise qui devient une filiale de Maserati avec à sa tête Guy Malleret qui est aussi le directeur de Maserati.

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    1. Certes, le déménagement d’une ligne de montage influe sans aucun doute sur les capacités de production. Mais le manque de fiabilité des premières SM, ainsi que la crise pétrolière de 1973, sont deux faits qui ont échaudés la clientèle et qu’on ne peut ignorer ou nier. Dire que les événements, tels que je les décrits, ne se sont pas du tout passés comme cela, est, à mon sens, un abus de langage. Quant au reste de l’histoire, elle provient, comme indiqué, de l’excellent site Car Design Archives. Ce dernier ayant obtenu les informations directement de Yves Dubernard, patron du design Heuliez à l’époque et ayant supervisé ce projet.

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  2. Avatar de
    Anonyme

    Cette version avait sa chance de succès. Moins onéreuse, sans doute plus légère et suffisamment dynamique, elle aurait fait moins peur à la clientèle.

    Sa face avant… personnellement les globes de la SM ne m’ont jamais plu.

    J’ai eu deux Citroën, j’aime la marque, mais j’avoue ne apprécier certains leurs choix.

    Et maintenant, sous gouverne Stellantis, encore moins.

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    1. La marque Citroën d’aujourd’hui n’a effectivement plus grand chose à voir avec celle des années 70. Quant à ce coupé « Low-cost », je pense également qu’il aurait eu ses chances de succès

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  3. Avatar de
    Anonyme

    Une fois de plus tu nous gâtes Phil ! Personnellement je ne connaissais pas cette tentative de sauvetage des caisses de SM mais trouve que l’idée aurait mérité d’avoir une jolie suite. Bien sûr, le « prestige » de la SM n’y trouve pas son compte mais l’idée d’un coupé CX eût pu plaire… Une fois encore, merci pour tes articles toujours bien documentés, précis et fort bien rédigé. Tes dessins sont à l’avenant, d’une remarquable finesse. Bravo.

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    1. Merci pour ce message. Je partage totalement ton point de vue, sur la viabilité du projet malgré la perte de « prestige » par rapport à la SM. Néanmoins, c’eut été une belle alternative au coupés populaires haut de gamme, tels les Ford Capri, Manta, voire Ford Granada.

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