Renault Fuego, mal-aimée ?

Si aujourd’hui tu évoques la Renault Fuego dans les soirées entre potes, les réactions ne se feront pas attendre : les quolibets ou adjectifs comme « moche », « voiture de beauf », « caisse de jacky » ne manqueront pas de faire surface très rapidement. Je ne sais pas pourquoi cette auto suscite autant la polémique, un peu à l’image de la BX, mais ça n’a pas toujours été le cas !

En effet, à sa sortie en mars 1980 c’était tout bonnement le contraire, l’accueil a été excellent et plébicité par le plus grand nombre, c’est évidemment son style qui était à l’origine de ce succès et les ventes ne se sont pas fait attendre. Celui-ci avec cette fameuse bulle arrière était dans l’air du temps, les formes élancées suggérant le dynamisme, la sportivité et l’aérodynamisme répondaient à un besoin d’économie d’énergie suite aux crises pétrolières. Il y avait néanmoins un air de famille évident sur le traitement des panneaux de carrosserie latéraux qui reprennaient le même thème que les R14 et R18. Sans oublier les bandes de plastiques latérales qui donneront sa particularité au modèle et qui allégeront (ou pas !) sa silhouette.

Renault Fuego GTL dans un bleu marine assez peu courant dans les ventes

C’est Robert Opron qui a chapeauté ce design, cet homme était bien connu dans le monde automobile puisqu’à son actif il y a les Citroen GS, CX, SM et Alpine GTA ! Des autos qui ont marqué leur époque et pour certaines de vrais succès commerciaux. Ce n’est donc pas un débutant qui s’y est collé !

Renault Fuego GTX couleur Champagne

Bien que présentée avec une gamme de moteurs complets : 1,4 l (TL, GTL), 1,6 l (TS, GTS) et 2,0 l (TX, GTX), cette dernière version n’a été réellement commercialisé que bien plus tard laissant la place aux motoristions les plus modestes et donnant une image peu sportive à ce modèle, « que de la gueule » la Fuego ? Les ventes sont parties en flèche mais ont rapidement décliné et on peut même parler d’un succès feu de paille. Renault essaiera de rattraper le coup avec une motorisation plus noble, en l’occurrence en sortant une version Turbo, techniquement dérivée de la 18, mais il aura fallu attendre trois ans ! Le mal était déjà fait. Entre-temps, comprenant que le Diesel allait prendre de plus en plus d’importance dans un avenir proche, ils ont même tenté un super coup en greffant un moteur Turbo-Diesel dans un coupé. Ce montage a fait hurler les puristes qui criaient au scandale sur ce mariage incongru. Pourtant Renault, visionnaire, avait raison avant tous les autres car quelques années plus tard, il était très courant de rouler en coupé Diesel, même des marques premium telles que BMW ou Mercedes y sont passées. Néanmoins, sa carrière durera moins de deux ans ! La Fuego devra également faire face à la vague des GTI, compactes performantes et polyvalentes qui va balayer le marché des coupés. Ainsi, elle n’aura pas de descendante directe, il faudra attendre 1996 et la Mégane coupé ! Au final, le succès était au rendez-vous dès le départ mais s’est essoufflé bien vite faute d’une politique de gamme judicieuse. Encore une fois, mieux vaut commencer par le haut de gamme et décliner vers le bas, Renault a fait exactement le contraire. Ceci s’explique par le fait que la Régie voulait remplacer les 15/17 au plus tôt et que le moteur 2 litres n’était pas encore tout à fait disponible au moment du lancement.

Avec le recul, on peut pointer une faiblesse au niveau du design : reposant sur la base technique de la R18 et donc de la Renault 12 de 1969 ! Ses portes à faux avant et arrière importants combinés à un empattement court, ses voies étroites et sa hauteur de caisse importante lui font perdre de la prestence et n’a pas le côté racé que l’on cultive sur de nombreux véhicules actuels. D’autre part, sa calandre toute simple manque singulièrement d’originalité et se fond dans la masse de l’époque.

Tout en gardant la carrosserie d’origine, J’ai imaginé une calandre avec un peu plus de personnalité et j’ai essayé de corriger sa prestance en élargissant les voies et en rabaissant un peu l’assiette. Un bouclier avant s’inspirant de la 25 en partie peint et avec un spoiler un peu plus visible, le tout améliorant les choses en toute discrétion.

Renault Fuego GTX restylée

J’ai également imaginé une Turbo 2 plus radicale et plus agressive en abaissant la ligne de caisse au maximum par le biais d’élargisseur d’ailes et spoiler avant plus proéminents. Le style en est certes alourdi mais s’inscrit bien dans ce qu’était le tuning des années 80 notamment celui en provenance d’Allemagne.

Renault Fuego Turbo 2 restylée

Aujourd’hui, on ne voit que très rarement ce modèle sur la route voire même dans les concentrations d’anciennes, sortira-t-il un jour du desintérêt ? Seul l’avenir nous le dira.

4 commentaires sur “Renault Fuego, mal-aimée ?

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  1. Bonjour. Tout d’abord bravo pour ces superbes illustrations que je découvre avec bonheur. Concernant la Fuego, votre extrapolation du design prend un sens très particulier quand on connait l’évolution « Argentine » de la Fuego. Dans ce pays oú elle fut produite de 1980 á 1992, la Fuego est une auto mythique. Elle jouit encore aujourd’hui d’une image très positive après avoir gagné 7 fois d’affilée le championnat national TC 2000 (aujourd’hui Super TC 2000). Mais surtout, et c’est lá que vos deux derniers dessins prennent une importance particulière, la Fuego á connu en Argentine une évolution propre de son design avec la version GTA, puis la GTA Max, dernière produite, qui disposait d’un look plus moderne et d’une moteur de 123 chevaux de 2.2 litres. Faites un tour sur Google avec les mots Fuego GTA Max et vous constaterez que vous n’êtes pas tombé loin dans votre imagination du futur possible pour cette auto injustement mal-aimée en France mais adulée en Argentine. Bien joué !

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    1. Bonjour Stéphane, La Fuego jouit malheureusement en France d’une image très négative, mais suite à la parution de mon article, d’illustrations sur Instagram et Facebook, j’ai constaté que le modèle ne laisse pas indifférent de nombreuses personnes ! J’ai découvert par la même occasion l’importance que ce coupé avait en Argentine. J’avoue que je suis passé à côté de cette GTA lorsque j’ai fait ces illustrations et c’est effectivement assez amusant de voir la ressemblance dans l’esprit et la forme ! Pour finir, je vous remercie pour vos compliments !

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  2. Je dirais que son tort a été le décalage entre son image de départ et la réalité : bien dessinée, c’était un petit coupé agréable et moderne qui a séduit à son lancement, mais vu sa base de R12/18, elle n’a pas tenu les promesses de sportivité ou d’exclusivité qu’on attendait d’un coupé. Raison sans doute pour laquelle elle a été rapidement cataloguée « voiture de frimeur », puisque elle n’avait, pour parler trivialement, que sa gueule pour séduire.
    Bon, ses rivales comme la Ford Capri (qui elle eut la sagesse de proposer de gros moteurs entre autres) ou l’Opel Manta ne font pas beaucoup mieux question image, elles sont devenues symboliques des voitures de beaufs fauchés adeptes de frime et de sensations à bon marché. La postérité est dure pour ces voitures qui ne proposaient rien d’autre que la possibilité à des gens pas trop argentés de rouler dans des voitures un peu sympa (tout le monde n’avait pas les moyens de se payer une Porsche 911, ni l’envie de rouler en R18 !)

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    1. Ton commentaire m’amuse beaucoup car tellement vrai ! En Allemagne, dans le courant des années 90 circulaient beaucoup de blagues sur les « Manta Fahrer » littéralement « conducteurs de Manta » qui ont largement contribué à l’image beauf de ce modèle. Il y avait aussi une rivalité entre les modernes GTIstes et les rétrogrades qui roulaient en Capri ou Manta. Je pense néanmoins que l’image de ces modèles va remonter petit à petit.

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